Mardi 12 juillet 2022, le parquet de Paris a requis le renvoi de Tariq Ramadan devant la Cour d’assises, a appris l’AFP, rapporté par Europe 1.
Le parquet a confirmé à l’AFP « avoir requis par réquisitoire définitif daté de ce jour, la mise en accusation de l’intéressé devant la cour d’assises du chef de viol à l’égard de trois plaignantes et du chef de viol sur personne vulnérable à l’égard d’une plaignante. »
L’islamologue suisse de 59 ans est soupçonné de viols sur quatre femmes, commis entre 2009 et 2016. Il est mis en examen depuis 2018.
La technique d’approche de Tariq Ramadan décryptée
Le Parisien a pu consulter les 90 pages du réquisitoire. « L’accusation dresse le portrait d’un homme faisant fi du consentement de ses partenaires auxquelles il imposait des relations empreintes de violences. »
Il est aussi décrit comme un homme ayant recourt à un « mécanisme d’approche » bien rodé et identique sur ses victimes. Tariq Ramadan les abordait en leur écrivant un premier sms banal, avant de continuer une simple conversation. Puis, une fois la confiance installée, les échanges devenaient plus intimes et personnelles.
Plus elles s’opposaient à lui physiquement ou verbalement pendant l’acte sexuel, plus Tariq Ramadan redoublait de violence.
Quant aux relations intimes, là encore, le réquisitoire décrit un schéma identique de violence imposé aux victimes : « Les faits de viols dénoncés par les parties civiles s’étaient systématiquement déroulés selon un même schéma, décrivant des relations sexuelles non protégées, teintées de mépris, d’humiliation de la partenaire et caractérisées par une absence de partage et de recherche du consentement de cette dernière. »
Les plaignantes ont aussi détaillé le « changement de visage de Tariq Ramadan. » Le document décrit : « Chaque victime expliquait que plus elles s’opposaient à lui physiquement ou verbalement pendant l’acte sexuel, plus Tariq Ramadan redoublait de violence. »
Les plaignant témoignent aussi de « sodomies imposées par surprise » ou encore d’épisodes d’étranglement, liste Le Parisien.
Cinq victimes potentielles, quatre retenues
L’affaire débute en 2017, à l’aube du mouvement #MeToo. L’enseignant est alors visé par deux plaintes. L’une des plaignantes, Christelle*, dénonce un viol dans un hôtel lyonnais en 2009. L’autre, est Henda Ayari, une ex-salafiste devenue militante laïque. Celle-ci dénonce un viol dans un hôtel à Paris en 2012.
Trois autres victimes potentielles ont par la suite été identifiées. Deux l’ont été à la suite de l’analyse des photos et des messages retrouvés par la police dans l’ordinateur de Tariq Ramadan, rappelle Europe 1. Parmi elles, Mounia Rabbouj, une ex-escort girl, qui l’a accusé de neuf viols entre 2013-2014.
Après identification, le parquet a souligné la « soumission totale » dans laquelle se trouvait l’une d’elles, prénommée Noémie*.
L’islamologue a ensuite été successivement mis en examen entre février 2018 et octobre 2020. Toutefois, l’accusation a demandé, ce mois de juillet 2022, l’abandon des poursuites concernant la cinquième femme pour laquelle Tariq Ramadan était mis en examen. Celle-ci avait été retrouvée par la police à l’aide des données sur l’ordinateur de l’accusé.
Le renvoi de Tariq Ramadan devant la Cour d’assises a été félicité par l’avocat de Christelle et Mounia Rabbouj, Me Éric Morain. « Ces réquisitions sont une satisfaction et, pour mes clientes qui ont tenu malgré les attaques incessantes, c’est un soulagement d’être crues par la justice« , cite Le Parisien.
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Tariq Ramadan crie au complot
L’homme de 59 ans a toujours clamé son innocence. S’il a d’abord nié les faits, Tariq Ramadan a finalement admis, lors de l’instruction, avoir eu des relations sexuelles avec les plaignantes, mais qu’il assure consenties.
Pour l’accusé, il s’agirait d’un complot de ces toutes femmes contre sa personne. Une accusation que le parquet a rejeté : « L’information judiciaire n’a pas permis d’établir la réalité d’un complot tel que dénoncé par Tariq Ramadan mais plutôt une prise de conscience commune ayant permis à certaines d’avoir le courage de dénoncer les faits de viol dont elles ont été victimes », relaie Le Parisien.
La défense de l’islamologue met en avant le fait que les plaignantes l’avaient recontacté après leur relation. Un argument balayé par le parquet parisien qui évoque une emprise dont jouissait le prévenu, démontrée par l’expertise psychiatrique.
Ce réquisitoire du parquet est jugé par les avocats de Tariq Ramadan comme un « coup de poker (…) pour tenter de sauver désespérément un dossier qui n’en est plus un ». Les conseils du mis en cause assurent : « Nous avons prouvé de multiples mensonges et contradictions chez les plaignantes. »
Ce sont les deux juges d’instructions qui doivent maintenant décider de la tenue d’un procès, ou non.
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