Une infirmière seule, au bout du rouleau, jouée par Marina Foïs, que des crises de panique empêchent de sortir de sa voiture, et un jeune qui se la joue voyou qui a promis de venger la mort de son frère, interprété par Benjamin Voisin, César du meilleur espoir masculin après sa prestation en Rubempré dans Les illusions perdues de Xavier Giannoli.
Voilà le duo – improbable en apparence – que nous présente Didier Barcelo dans En roue libre. Deux personnages attachants qui vont faire la route ensemble jusqu’au Cap Ferré, croisant sur le chemin d’autres protagonistes hauts en couleur.
Comédie, polar, film social ?
On ne sait pas trop nous dit Marina Foïs : « C’est plutôt pas mal, on est à une époque où il faut pitcher, classer, étiqueter, formater. Tous ceux qui arrivent à résister à ce truc-là, c’est tant mieux, c’est plutôt un plus. Non ? »
Benjamin Voisin, lui, a pris beaucoup de plaisir à travailler avec une actrice plus expérimentée, au jeu à plusieurs facettes :
« Elle est hyper humble, parce que je trouve que le ton de la scène, c’est souvent elle qui l’amenait, et moi je me baladais là-dedans autant que je pouvais, mais les grands acteurs mettent tout à niveau. Celui où on sent la différence, on se dit : tiens lui il a fait 100 films, c’est souvent l’acteur avec qui on s’emmerde, où on sent un peu la leçon. Là, ce sont juste deux artistes qui essaient de se rencontrer et faire la plus jolie chose possible. C’est ce que j’adore donc. »
Marina Foïs sera à l’affiche de deux autres films dans les prochaines semaines, As Bestas de l’espagnol Rodrigo Sorogoyen le 20 juillet, et L’année du Requin des frères Boukherma le 3 août.
Cahiers noirs, diptyque hommage à Ronit Elkabetz
Ronit Elkabetz est morte en 2016 d’un cancer, elle avait 51 ans. En trois films, Prendre femme, Les 7 jours et Le procès de Viviane Amsalem, coréalisés avec son frère Shlomi et où elle joue chaque fois le rôle principal, elle a ébloui par son talent, par la profondeur tragique de son jeu. Six ans après sa disparition, Shlomi Elkabetz propose deux films sur la magnifique histoire d’amour qui le lie à sa sœur, Cahiers noirs 1 et 2, pour dit-il,,« donner un nouveau rendez-vous à Ronit, dans le cinéma, à défaut de le vivre dans la réalité ».
Bien mieux qu’un documentaire, cette œuvre unique se situe entre la fiction et le réel. Car depuis des décennies, Shlomi Elkabetz filme, tout le temps, sa sœur, ses parents, la vie de cette famille juive, venue du Maroc en Israël, et dont les drames traversent sa trilogie, de Tel Aviv à Paris. Les extraits de films dialoguent avec les images de la vraie vie, on se perd avec émotion dans les liens tissés entre les deux univers. Ronit Elkabetz apparaît comme le personnage féminin d’un opéra italien, la mort rode, mais il y a une telle pulsion de vie et tellement d’amour dans ces deux films, qu’on voudrait croire que le cinéma a fait un miracle.
« Je voulais magnifier la vie, parce qu’on sait ce qu’il s’est passé, comment ça finira. Mais magnifier la vie, pour lui donner toute la somme de ressentis, d’émotions, de réflexions, dans tout ce qu’on ressent chaque jour quand on ouvre la fenêtre.
Ce n’est jamais seulement ouvrir la fenêtre, c’est s’ouvrir au monde. C’est là où je voulais en venir, en faisant ce genre de cinéma. Essayer de créer dans ce film la connexion qui dirait au public : c’est un film, mais croyez que c’est la réalité. Après bien sûr, ça a été plus difficile, il a vraiment fallu que je dise au revoir à Ronit. Mais j’ai eu la chance de faire ce film. »
Decision to Leave, polar complexe et sensuel
Troisième et dernier conseil de la semaine, là encore dans un tout autre genre, le polar Decision to Leave, du sud-coréen Park Chan-wook, qui lève le pied cette fois sur la violence baroque pour nous présenter un enquêteur de Busan qui tombe amoureux d’une femme soupçonnée du meurtre de son mari. Un scénario touffu et à tiroirs, une réalisation virtuose et gracieuse, un film qui nous embarque dans plusieurs émotions contradictoires. Decision to Leave a été récompensé du prix de la mise en scène au festival de Cannes.
Enfin, à partir de demain c’est « la Fête du cinéma » en France, jusqu’à mercredi. Tous les films à toutes les séances, dans tous les cinémas, au tarif unique de 4 euros.
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