Mercredi 29 juin 2022, le parquet de Paris a annoncé l’ouverture d’une enquête pour « tentative de viol » contre Damien Abad, a appris FranceInfo, confirmant une information de l’Agence France-Presse.
Le ministre des Solidarités de l’Autonomie et des Personnes handicapées est visé par une plainte depuis le 27 juin, déposée par une élue centriste qui l’accuse d’avoir tenté de la violer lors d’une soirée chez lui, à Paris, en 2010.
« Un très bon signal pour les victimes »
La brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) est en charge des investigations.
« C’est un très bon signal pour les victimes. Ma cliente a foi en la justice« , a réagi Me Raphaële Bialkiewicz, l’avocate de la plaignante sur FranceInfo.
De l’autre côté, les avocats du mis en cause qualifient cette enquête de « non-information ». « L’ouverture d’une enquête préliminaire est une non-information puisque chacun sait que toute plainte enregistrée, fût-elle infondée, prescrite et fermement contestée, est systématiquement suivie de l’ouverture d’une enquête préliminaire », cite Le Monde.
Me Benoît Chabert et Me Jacqueline Laffont ont affirmé que leur client, Damien Abad, prenait « donc acte de cette suite logique et pourra rapidement démontrer son innocence ».
Le ministre a de nouveau réfuté catégoriquement ces accusations à la suite de la plainte. En réaction, il a à son tour saisi la justice et porté plainte pour « dénonciation calomnieuse » contre l’élue centriste qui a témoigné anonymement sous le nom de « Laetitia » auprès de Mediapart.
Trois femmes accusent Damien Abad
Trois femmes ont déjà accusé le ministre de différentes violences sexuelles. Les témoignages ont été révélées par le site d’investigation en mai 2022.
Parmi ces femmes, l’une d’elle avait déposé plainte pour viol à deux reprises, en 2012 et 2017. Les deux fois, les plaintes ont été classées sans suite, d’abord pour « carence de la plaignante », puis « faute d’infraction suffisamment caractérisée ».
La seconde a écrit le 13 mai 2022 à l’Observatoire des violences sexistes et sexuelles en politique, pour signaler « des faits de viol », concernant l’élu, alors pressenti pour rejoindre le nouveau gouvernement.
Si des ministres peuvent agir en toute impunité, un blanc-seing semble être envoyé à tous les autres.
Le lundi 20 juin 2022, dans une tribune publiée dans Le Monde, 188 femmes, artistes, élues, personnalités publiques et féministes demandaient la « démission immédiate » du ministre Damien Abad.
Elles y dénoncent notamment l’attitude du gouvernement qui fait « preuve d’une grande lâcheté », écrivent-elles, car « ce n’est pas une décision judiciaire qu'[elles lui demandent] de prendre, mais bien une décision politique ».
Elles regrettent aussi une attitude « complice » : « Si des ministres peuvent agir en toute impunité, un blanc-seing semble être envoyé à tous les autres ».
Réaction du gouvernement
Le gouvernement d’Élisabeth Borne est très attendu sur ces questions de violences sexistes et sexuelles puisqu’Emmanuel Macron en a une nouvelle fois fait la « grande cause du quinquennat ».
Lors de la sortie des accusations de viols et agressions sexuelles contre Damien Abad, la Première ministre, interpellée en déplacement, avait assuré le 22 mai 2022 : « Je vais être très claire : sur tous ces sujets de harcèlement et d’agression sexuelle, il ne peut y avoir aucune impunité. […] Je peux vous assurer que s’il y a de nouveaux éléments, si la justice est à nouveau saisie, nous tirerons toutes les conséquences de cette décision« .
Après le dépôt de plainte de l’élue centriste le 27 juin, Matignon a déclaré à FranceTV : « Comme le dit la Première ministre depuis l’origine, il est important que les plaignantes saisissent la justice qui est la seule à pouvoir établir la vérité dans cette affaire de manière impartiale et dans le respect de la parole des femmes ».
Pour le moment, aucune réaction n’a été partagée par le gouvernement à la suite de l’ouverture de l’enquête contre Damien Abad.
- Élisabeth Borne, sommée à son tour de s’expliquer sur la nomination de Damien Abad et Gérald Darmanin
- Des milliers d’internautes posent la question de Laura, 18 ans, qui a interpellé le Président sur ses ministres accusés de viol
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