C’est un long métrage qui raconte la mort du prophète Mahomet, fondateur de l’islam et la guerre que se livrent ses disciples pour sa succession. Les décors et les scènes de combat sont aussi ostentatoires que le parti pris des réalisateurs : écrit par un prédicateur chiite, Yasser Al Habib, La Dame du Paradis dénigre le successeur de Mahomet, Abou Bakr, grande figure du sunnisme, dépeint comme un tyran qui n’accède au pouvoir que par la violence et la ruse ; tout le contraire d’Ali – premier imam chiite, présenté sous son meilleur jour.
Ces désaccords historiques sur le véritable successeur de Mahomet ont conduit à une division majeure dans l’Islam entre ce qui est devenu les confessions sunnite et chiite, une division qui se maintient encore aujourd’hui.
Sorti le vendredi 3 juin au Royaume-Uni, La Dame du Paradis a déjà été déprogrammé des salles de Cineworld après des rassemblements d’islamistes dans différentes. Interdit en Égypte, en Iran, en Irak, au Pakistan, il ne sortira pas non plus au Maroc. Le Conseil des oulémas, chargé d’émettre des avis religieux, a jugé qu’il présentait une « falsification flagrante de l’histoire de l’Islam ». le Centre cinématographique marocain a suivi et refusé de donner une autorisation de diffusion.
Le visage de Mahomet
Certes le parti pris du film pose problème. Certains l’accusent de réveiller les tensions entre chiites et sunnites. Mais il est aussi accusé de présenter le « visage » du prophète, qui pourtant n’est pas incarné par un acteur mais créé par ordinateur et souvent dissimulé par un éblouissant rayon de soleil. Le producteur ne s’est pas privé de condamner la « censure » des musulmans extrémistes. Le gouvernement britannique lui a jugé que les manifestations contre le film portaient atteinte à la liberté d’expression. Il a même démis de ses fonctions administratives ce week-end un imam qui les avait encouragées.
La figure de Mahomet est un sujet hautement inflammable, on le voit aussi en Inde : les musulmans indiens (qui représentent moins de 15% de la population, contre près de 80% d’hindous), dénoncent depuis quelques années une stigmatisation, un contexte d’islamophobie croissant encouragé par le gouvernement. Début juin, la porte-parole du parti nationaliste au pouvoir a tenu des propos jugés désobligeants sur le prophète qui ont ausitôt déclenché une vague de manifestations violentes dans tout le monde musulman ; elle a été suspendue mais ça n’a rien changé, l’Inde s’est retrouvée plongée dans une tempête diplomatique.
Près de 20 capitales ont convoqué ses ambassadeurs pour obtenir des explications sur cette rhétorique anti-musulmane et réclamer le respect des croyances et des religions.
Source: Lire L’Article Complet