Imaginons une personne qui débarque sur Terre après plus de quarante ans passés dans une galaxie lointaine, très lointaine. Elle arrive devant un cinéma et voit à l’affiche, Star Wars, épisode IX. Ce qu’elle ne sait pas (entre autres petites choses comme la chute du mur de Berlin), c’est qu’il s’agit du troisième et dernier opus de
la troisième et dernière trilogie de la saga. Si les Sith,
toujours par deux vont, les films Star Wars avancent par trois. Après la trilogie originale, à savoir les épisodes IV, V et VI sortis entre 1977 et 1983,
George Lucas avait sorti de son chapeau une « prélogie » (épisode I, II et III) dans les années 2000. Puis Disney, nouveau propriétaire de l’univers Star Wars, a donc imaginé une dernière trilogie, les épisodes VII, VIII et IX.
Il est bien évident que chaque trilogie a marqué son époque et ses générations de fans. Une question taraude malgré tout : quelle série est la meilleure ? La plus marquante ? La plus aboutie ? Il faut trancher, ça ne peut plus durer. Empoignant leurs plus belles plumes (bon, en fait un clavier) telles des sabres laser de la persuasion, trois journalistes de 20 Minutes vont tenter dans les lignes qui suivent de vous convaincre que « leur » trilogie est la meilleure. A la fin de l’article, il vous reviendra de voter. Le sort de la galaxie est entre vos mains.
La prélogie : épisodes I, II, III
A l’heure où il devient évident que les Skywalker ne seront bientôt plus qu’un lointain (mais si plaisant) souvenir, il est urgent de rétablir une vérité trop longtemps ignorée, et pourtant si évidente. Les trois premiers épisodes de Star Wars sont, sans conteste, les plus réussis de la saga. N’en déplaise aux puristes du genre, et
fustigateurs de Jar-Jar Binks, aka JJ pour les intimes.
Une cité sous-marine hors normes, le maître trop classe d’Obi-Wan, Qui-Gon Jinn, un pouvoir mystérieux (mais au fait, c’est quoi les midi-chloriens ?), le tout nappé de la beau-gossitude du couple Ani/Padmé : ces trois préquels conjuguent tous les ingrédients romantico-dramatiques d’un bon soap SF comme on les aime.
Exit le terrible Dark Vador, haineux et miséreux. Place au jeune Anakin, petit garçon à la bouille angélique, déterminé et intelligent. Il ne peut résister à celle qui chamboule ses midi-chloriens, la jeune (pourtant un poil plus âgée) Padmé Amidala. L’enfant surdoué aux yeux rieurs se transforme très vite en beau gosse aux yeux bleus et à la chevelure dorée. Il a tellement le swag qu’il réussit à choper, sans trop ramer, la plus belle reine du Sénat galactique. Et ça nous fait vibrer. Les deux tourtereaux ne cessent de se tourner autour, avant de succomber pour de bon sur les hauteurs de la planète Géonosis. Paysages idylliques et chœur qui chante (sur du John Williams comme on en a rarement entendu). C’est beau comme un amour impossible : lui, Jedi imparfait pour qui l’attachement est prohibé ; elle, politicienne dévouée à son peuple à un âge où seul la frivolité de la jeunesse aurait dû compter. Ce qui les mènera à leur perte. Car, c’est bien une fin shakespearienne que qui les attend.
Et comme un bon Star Wars ne va jamais sans son brin d’humour un peu lourd, les « eskiouzé-moé » de Jar-Jar Binks ne pouvaient que ravir nos oreilles et nos zygomatiques en manque criant des tirades caustiques de notre bon vieux Han et de son camarade Chewie. Alors, parce qu’elle narre la romanesque histoire de deux beaux gosses en mal d’amour, qu’elle nous fait voyager dans l’espace intergalactique sur des planètes aux paysages surprenants, qu’elle nous fait rire aux larmes (puisque le ridicule ne tue pas) et qu’elle nous rappelle que, oui, le monde est plus gris que noir ou blanc, la prélogie de Star Wars restera, sans aucun doute, LA meilleure trilogie des neuf volets que comptera bientôt la saga.
La trilogie, épisodes IV, V et VI
Il y a longtemps dans une galaxie lointaine, très lointaine, Star Wars n’existait pas. Sur la planète Terre, dans le système studios, SF rimait avec série B. Star Wars – la mention Episode IV : Un nouvel espoir n’était pas encore rattachée au titre – allait tout changer ! En 1977, le « space opera » de George Lucas offrait un mix exaltant et inédit des aventures des chevaliers de la Table ronde, de Star Trek, de Casablanca, de vieux films de guerre et westerns et de technologies de pointe.
Les spectateurs se ruent en salles pour avoir l’impression qu’un vaisseau spatial passe au-dessus de leur tête. Le film, un des premiers blockbusters de l’histoire, sort la SF de la case nanars, donne naissance à tout un univers et fonde la culture geek. Il réunit Alec Guinness et Peter Cushing et révèle au monde Mark Hamill, Harrison Ford et Carrie Fisher. Il offre à la SF son méchant le plus emblématique, l’impitoyable Dark Vador. Avec la Force, il introduit le code des samouraïs et le zen dans une culture jusqu’ici peuplée de têtes brûlées et justiciers.
Avec L’Empire contre-attaque, la trilogie originale prend une dimension mythique. Le film d’Irvin Kershner, plus sombre et violent, explore des émotions plus profondes, tout en gardant les ingrédients du premier opus, l’aventure et l’humour. Il offre au cinéma son twist le plus iconique, le fameux « Je suis ton père » et invente Maître Yoda. Salué, à juste titre, comme le plus grand épisode de la saga, il figure dans tous les classements des plus grands films de SF. Une copie
intègre en 2010 la Bibliothèque du Congrès américain, pour son « importance culturelle et esthétique ».
Le retour du Jedi de Richard Marquand clôt l’épopée avec l’émouvante rédemption de Dark Vador, qui unit père et fils comme Laërte et Ulysse. La trilogie originale est, de loin, la meilleure parce qu’elle a inventé cet univers mythique et ces personnages emblématiques au rythme d’une BO culte,
signée John Williams. Les autres épisodes de la saga sont sympas, mais ne sont finalement que des resucées d’un lointain succès qui bouleversa la SF et le cinéma, il y a quarante-deux ans déjà.
La postlogie, épisodes VII, VIII et IX
Faire du neuf avec du vieux, c’est bien. Faire du mieux avec du vieux, c’est carrément du génie. Avant même découvrir l’épisode IX, on peut établir que la troisième et dernière trilogie Star Wars est, de loin, la meilleure. Parce qu’elle contient toute la mythologie, joue avec les références et n’oublie pas d’être une grande machine à plaisir pour les jeunes téléspectateurs.
Commençons par l’héroïne, Rey, version punk de Luke. Là où le wannabe Jedi était un paysan raté chouchouté par sa famille, Rey est une SDF victime de la lutte des classes. Elle n’est pas allée à l’école des pilotes, elle est autodidacte. Elle n’achète pas son robot avec l’argent de son tonton, celui-ci s’offre à elle. Elle ne marchande pas son billet pour le Millenium Falcon, elle le vole. On a beaucoup expliqué (OK Boomer) que la postlogie était une copie de la première trilogie (épisodes IV, V, VI). C’est vrai, mais en plus dynamique, plus sombre et beaucoup plus politique.
Notre dossier Star Wars
A l’instar de Rey, Leïa y trouve un rôle à sa mesure de Skywalker : femme de pouvoir, sage mais qui sait laisser parler ses émotions pour que son combat garde du sens. Surtout, les épisodes XII et XIII incarnent à merveille la tentation du grand dégagisme propre à la décennie finissante. Han Solo et Luke Skywalker ont fait leurs adieux, Leïa et Chewbacca, ça ne va pas tarder. Même le vieux con en chef, Snoke, passe à la trappe, Yoda n’est plus qu’un spectre facétieux et Obi Wan aux abonnés absents. Moins bêtement manichéenne que les précédentes trilogies, cette fournée d’épisodes restera comme une réflexion sur l’adolescence, une force indomptable qui peut tout renverser. Même la grande mythologie Star Wars.
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