Dans une lettre ouverte adressée au président de la République, huit associations demandent l’abandon des sanctions disciplinaires contre les médecins signalant les cas de maltraitance infantile ou d’inceste, afin de "corriger les dysfonctionnements".
Signalements
Eugénie Izard
Commission sur l'inceste
Dépistage à l'école
Parler de l'inceste à son enfant
"Les médecins ne sont à l'origine que de 5% des signalements"
La Commission inceste (Ciivise), qui appelle les professionnels de santé à repérer les cas de maltraitance et d'inceste, souhaite que ces derniers soient mieux protégés. En effet, de nombreux médecins ou professionnels de santé se retrouvent découragés au moment de signaler un cas d'inceste ou de maltraitance infantile. Selon la Haute Autorité de Santé, les médecins ne sont à l'origine que de 5% des signalements. Et pour cause : ils se retrouvent souvent poursuivis par les parents agresseurs et ont peur des représailles. Dans une lettre ouverte adressée à Emmanuel Macron et consultée ce 31 mai par l'AFP, huit associations de protection de l'enfance (CDP Enfance, Reppea, Protéger l'enfant, Peau d'Âme, #WeToo, Prévenir et Protéger, Collectif Enfantiste, Innocence en danger), de professionnels ou de mères réclament au président de la République l'arrêt des sanctions disciplinaires du Conseil de l'ordre contre les médecins signalant les cas de maltraitance infantile. Ces structures demandent à "corriger les dysfonctionnements" et souhaitent que "chaque fois que les termes 'syndrome d'aliénation parentale', 'aliénation parentale' (…) sont utilisés par un juge ou par un expert, une contre-expertise soit systématiquement effectuée et que la décision finale soit prise de façon collégiale".
En mars dernier, la Ciivise avait livré ses recommandations concernant l'inceste, après avoir travaillé pendant un an et recueilli plus de 11 000 témoignages. Parmi les conclusions : le dépistage des victimes de maltraitance et d'inceste, par les professeurs, les médecins, les avocats, les éducateurs, les assistants sociaux, les puéricultrices, mais aussi les infirmiers et les instituteurs. La Ciivise demandait de mettre en urgence l'enfant en sécurité, quand une violence est détectée, mais aussi d'accompagner les personnes qui donnent l'alerte en créant une cellule nationale de soutien aux professionnels confrontés à des situations d'enfants victimes de violences sexuelles. Elle proposait de sécuriser juridiquement ces personnes afin qu'elles ne puissent pas être attaquées après un signalement.
La sanction contre la pédopsychiatre Eugénie Izard annulée
En décembre 2020, Eugénie Izard, pédopsychiatre, avait été suspendue durant trois mois après avoir signalé des soupçons de maltraitance sur une petite fille âgée de 8 ans auprès du juge des enfants. Elle soupçonnait en effet le père de la fillette, qui l'avait alors poursuivie, en 2015, devant le Conseil de l'ordre pour "immixtion dans les affaires de famille". Ce lundi 30 mai, le Conseil d'Etat a finalement annulé cette interdiction provisoire d'exercer la médecine. Les adultes et professionnels de santé qui cherchent avant tout à protéger les enfants victimes de maltraitance infantile "se heurtent très souvent à un mur d'attaques virulentes de la part du Conseil de l'ordre des médecins et de l'institution judiciaire, dispositifs pourtant chargés de la protection de l'enfance", dénoncent les associations.
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