"Nos Frangins" : Rachid Bouchareb interroge sur ce qu'est d'être français d'origine immigrée

Le réalisateur Rachid Bouchareb présente hors compétition Nos Frangins à Cannes. Derrière ce titre, il y a deux identités : Abdel Benyahia et Malik Oussekine, tous deux tués par des policiers dans la nuit du 5 au 6 décembre 1986. L’un est mort d’une balle tirée par un inspecteur ivre. L’autre sous des coups de bâton en marge d’une des manifestations contre le projet de réforme Devaquet des universités, mouvement auquel il ne participait pourtant pas.

Le film met en scène Reda Kateb, Lyna Khoudri, Samir Guesmi ou encore Raphaël Personnaz. Il s’appuie sur de nombreuses archives télévisées de l’époque comme pour ancrer le récit dans le réel et l’Histoire de France. Nos Frangins replace plus précisément deux familles d’origine algérienne dans la France des années 80, années qui ont vu la gauche et François Mitterrand arriver au pouvoir.

« C’est un moment qui m’a beaucoup marqué, des années d’espoir où l’on pensait naïvement que nous allions vers une société nouvelle, de fraternité, faisant reculer le racisme. Il y avait eu la marche des beurs, la création de SOS Racisme… et au fond la promesse que nous pouvions tous être Français sur un pied d’égalité, se souvient Rachid Bouchareb qui signe Nos Frangins, interrogé par franceinfo. Et puis, 35 ans après, on est arrivé à un autre endroit. » 

Il faut rappeler qu’après la victoire de la gauche suit également une cohabitation avec la droite. Dans le gouvernement Chirac, le ministre de la Sécurité (Robert Pandraud) et de l’Intérieur (Charles Pasqua) feront bloc pour couvrir l’institution policière après les drames de Malik et d’Abdel.

Explorer les failles mémorielles

Lui-même français de parents algériens, Rachid Bouchareb nous interroge à travers son nouveau film : pourquoi un jeune garçon comme Malik Oussekine, français, n’était finalement pas considéré comme tel par tous ses compatriotes ? « C’est la grande question difficile qui n’est toujours pas résolue en France », estime le réalisateur qui a plus d’une fois interpellé le spectateur.

Rachid Bouchareb avait en effet marqué les esprits en 2009 avec Indigènes consacré au destin des soldats recrutés en Afrique, oubliés de l’armée française. Puis, en 2010, avec Hors la loi sur le parcours de trois frères sur fond de guerre d’Algérie. Avec Nos Frangins, aujourd’hui, Rachid Bouchareb poursuit son exploration des failles mémorielles.

Hasard du calendrier, une autre autre de fiction revient parallèlement sur la mort de Malik Oussekine à travers le combat de sa famille pour faire éclater la vérité sur les circonstances de sa mort : la série Oussekine d’Antoine Chevrollier (Baron noir, Le Bureau des légendes) avec Sayyid El Alami. Elle est disponible depuis le 11 mai sur la plateforme Disney+.

Notre critique du film « Nos Frangins »

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