À peine nommé, Damien Abad, ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées, fait face à des accusations de viol.
Marine Turchi, journaliste spécialiste des questions de violences sexuelles pour Mediapart, a recueilli les témoignages de deux femmes qui accusent l’ancien président du groupe Les Républicains à l’Assemblée nationale de viol. Les faits présumés, dévoilés par le site d’investigation samedi 21 mai 2022, auraient été commis en 2010 et 2011.
Le refus de la victime présumée non-respecté
Margaux, une ex-militante centriste de 35 ans, a déposé plainte pour viol à l’encontre du nouveau ministre de 42 ans, une première fois en 2012.
Auprès de Franceinfo, elle explique : « J’ai porté plainte au commissariat un an après les faits, mais je n’ai pas réussi à signer et aller jusqu’au bout ». C’est pourquoi, cette première plainte a été classée sans suite le 6 avril 2012, « du fait de la carence de la plaignante », selon les termes du parquet de Paris, contacté par la radio.
Damien Abad était omniprésent dans les médias, (…) je ne pouvais plus supporter de le voir, d’en souffrir et que lui ne soit inquiété en rien.
« Si j’ai réussi à le faire six ans plus tard, c’est parce que Damien Abad était omniprésent dans les médias et que je ne pouvais plus supporter de le voir, d’en souffrir et que lui ne soit inquiété en rien », poursuit Margaux. Cette seconde plainte a été classée sans suite le 5 décembre 2017, « après une enquête préliminaire, faute d’infraction suffisamment caractérisée », précise le parquet.
La jeune femme décrit à Mediapart une relation sexuelle, marquée « d’irrespect, d’injonction et d’insistance », ainsi qu’une pénétration anale imposée, malgré son refus prononcé de manière « affirmée », et ce, « à plusieurs reprises ». Ce soir de janvier 2011, le député de l’Ain aurait également « réclamé une fellation ».
Damien Abad confirme auprès de Mediapart avoir été entendu dans le cadre de cette enquête.
Le témoignage d’une seconde femme signalé à LREM et LR
Une autre femme a écrit le 13 mai 2022, à l’Observatoire des violences sexistes et sexuelles en politique, pour signaler « des faits de viol », concernant l’élu, alors pressenti pour rejoindre le gouvernement.
Cette fois, les faits se seraient déroulés l’automne 2010. Après une soirée dans un restaurant puis dans un bar, à Paris, la seconde femme interrogée par Mediapart explique s’être réveillée le lendemain matin « dans une chambre d’hôtel proche du bar » avec Damien Abad. « En sous-vêtements », « en état de choc et de dégoût profond », elle pense avoir été « droguée ».
Je savais qu’il s’était passé quelque chose de pas normal.
« Je me sentais cotonneuse, mon corps était groggy, courbaturé et douloureux, je savais qu’il s’était passé quelque chose de pas normal », se remémore celle qui confie demeurer « profondément affectée par cette expérience ».
À la suite de son récit, confié par courrier à l’Observatoire créé en février 2022 par des initiatrices du mouvement #MeTooPolitique, celles-ci ont adressé un signalement par e-mail lundi 16 mai 2022, suivi d’une relance trois jours plus tard,à La République en marche, ainsi qu’aux Républicains… sans réponse.
Le collectif a également transmis ce témoignage à la procureure de la République de Paris, et le parquet de la ville affirme à Franceinfo qu' »il est en cours d’analyse ».
Dans un communiqué transmis à Franceinfo, le ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées « conteste avoir exercé quelque forme de contrainte que ce soit sur aucune femme » et « tout abus de pouvoir » lié à ses fonctions.
La réaction de la Première ministre Élisabeth Borne
Au lendemain de la publication de l’enquête de Mediapart, Élisabeth Borne, en déplacement dans le Calvados, a réagi à ces accusations. Elle assure ne pas avoir « plus d’éléments que le fait que l’affaire a été classée sans suite » et avoir « découvert l’article » la veille.
Avant de prévenir : « Je vais être très claire : sur tous ces sujets de harcèlement, d’agressions sexuelles, il ne peux y avoir aucune impunité ».
Invités à leur tour à réagir cette affaire, Gérald Darmanin et Éric Dupond-Moretti, en déplacement à Bordeaux, ont, eux, gardé le silence. Le ministre de l’Intérieur reconduit a lui-même été accusé de viol, harcèlement sexuel et abus de confiance. Le parquet de Paris a requis un non-lieu dans cette affaire en janvier 2022.
Un député LREM, jugé pour des faits de pédocriminalité
Une autre affaire concernant un autre élu a été dévoilée ce même week-end.
Matheus Branquinho, député LREM suppléant de la 3e circonscription de la Loire a comparu vendredi 20 mai devant le tribunal correctionnel de Saint-Etienne, selon des sources judiciaires de l’AFP, relayées par Le Figaro.
L’homme politique de 42 ans est soupçonné d’avoir agressé sexuellement une fillette de six ans de son cercle familial et l’amie de cette dernière âgée, elle, de huit ans. Des faits, qui se seraient déroulés en 2020, que l’élu conteste. Celui-ci a toutefois avoué auprès de l’AFP la détention de plusieurs milliers d’images ou de vidéos à caractère pédopornographique.
Source: Lire L’Article Complet