L’ingénieuse et ludique rénovation d’un appartement des années 70

Fraîchement débarqué de New York, un jeune couple investit dans un grand appartement d’un immeuble daté des années 70. Situé au 12ème étage, traversant est/ouest et doté d’une vue imprenable sur le Canal de l’Ourq, leur perle rare comptabilise plusieurs arguments séduisants et leur évoque avec subtilité leur ancienne vie passée dans les grattes-ciel tant aimés de Manhattan.

Si l’emplacement est idéal, l’endroit dans sa configuration le semble un peu moins à première vue. Trop cloisonné et sans envergure réelle malgré son caractère lumineux, cet appartement de 100 m² requiert un renouvellement total de sa physionomie pour s’adapter au mieux à leur quotidien de parisien. Le duo confie cet ambitieux projet de rénovation à l’architecte Thomas Housinger. Pour répondre aux exigences des propriétaires, à savoir une circulation plus fluide et une grande pièce de vie, le professionnel décide logiquement d’ouvrir une des trois chambres existantes sur le séjour. La contrainte d’un mur porteur ne l’empêchera aucunement d’améliorer la circulation au coeur des espaces de vie. Mieux encore, la présence de ce mur deviendra le point d’appui d’un volume courbe englobant un meuble sur-mesure. Une forme clé qui dessinera l’identité singulière aux accents tour à tour 70 et moderniste des lieux. Un univers rafraîchissant autant dans sa composition architecturale que sa sélection pointilleuse d’objets et meubles design.

Visite de cette rénovation complète et complètement inspirante.

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Une entrée épurée

Difficile d’imaginer le passif soixante-dix des lieux, une fois la porte d’entrée du 100 m² passée. Et pourtant, ici auparavant, on se trouvait en présence d’un appartement classique de la décennie 70.

Dès la porte d’entrée passée, l’architecte Thomas Housinger a répondu aux demandes des propriétaires en créant une entrée ouverte qui offre un coup d’oeil rapide sur les pièces environnantes. Toutes les portes ont disparu au profit de grandes ouvertures et des murs blancs rafraîchissants. Des menuiseries sur-mesure viennent réchauffer avec subtilité l’espace. Un bois chaleureux vient réchauffer l’espace avec subtilité sur une porte de placard et une assise dans une petite alcôve.

A noter (et à retenir), le plafonnier au look rétro de Revolt, marque de luminaire belge, qui suggère une touche ludique et un faible affirmé pour le charme intemporel et joyeux des couleurs primaires.

Un grand salon blanc avec vue

Dès l’entrée, le visiteur est invité à plonger dans le grand bleu de la vue extérieure. Le ciel et le canal de l’Ourq se distinguent au loin. D’une fluidité exemplaire, la circulation entre la cuisine et le salon accentue ce précieux cadrage. L’architecte a de nouveau misé sur des murs blancs, générateurs d’espace, de clarté mais aussi alliés pour mettre en valeur les pièces design comme les oeuvres d’art des propriétaires.

Un mur porteur transformé en meuble sur-mesure

Perceptible dès l’entrée et pièce majeure du salon, le fameux mur porteur – mitoyen avec l’ancienne chambre – a été transformé en impressionnant volume courbe en placoplatre englobant un meuble sur-mesure pensé comme un élément structurant la circulation. Très inspiré par les maîtres du modernisme, l’architecte Thomas Housinger aime ponctuer ses réalisations d’espaces capables de s’adapter aux envies de changements. C’est pourquoi ce bloc dispose d’une alcôve plus haute pour pouvoir accueillir à l’avenir une télévision. 

Un bois vecteur de l’esthétique 70’s

Cette réhabilitation a été pensé autour de l’arrondi créé par la cage d’escalier centrale. Au salon, le mur porteur transformé en meuble sur-mesure n’est pas le seul à lui faire écho. Dans l’angle du salon, un autre volume tout en courbes siège pour accueillir niche de rangement et menuiserie sur mesure en contreplaqué Okoumé. En accord avec l’esthétique 70 du bâtiment, ce bois employé avec parcimonie confère un zeste de chaleur supplémentaires aux sages murs blancs.

Un canapé design bleu, roi des lieux

Si l’arrondi a défini l’esprit architectural des lieux, le canapé du salon a incarné un rôle similaire en matière de décoration. L’architecte a eu un profond coup de coeur pour le modèle « Mags Soft » de l’éditeur danois Hay, outre un bleu Klein cher aux racines méditerranéennes du professionnel, ce canapé surfe avec aisance sur l’esthétique seventies. Ses modules généreux et relativement bas évoquent le caractère informel des assises stars des années 70. Pour parfaire ce décor, l’assise s’accompagne de l’irrésistible table basse « Carlotta » de Socialite Family et est encadré par deux appliques rouge signées Hay.

A droite, l’étonnant et ingénieux jeu de miroir présent dans l’entrée reprend du service côté salle à manger pour suggérer un effet d’optique tour à tour ludique et intransigeant qui permet à la lumière naturelle de mieux se déployer. Une fois encore, l’architecte a veillé à habiller la tranche de certains murs en contre-plaqué okoumé. Des rappels qui font sens.

Une grande salle à manger colorée comme il faut

Auparavant, la salle à manger était inexistante. Elle était pourtant indispensable à la vie des jeunes propriétaires, habitués à recevoir. Pour répondre à cette exigence, Thomas Housinger a ouvert une des anciennes chambres sur le salon et l’entrée pour la transformer en agréable pièce de réception. Son espace est structuré autour d’une grande table à manger pouvant accueillir de nombreux convives. 

Une suspension culte pour couronner l’espace de reception

La table en chêne massif de chez AM.PM est surplombée d’une suspension culte, la « PH 5 » de Louis Poulsen. Sa teinte pastel fait écho avec brio aux nuances présentes sur l’une des passerelles du canal visible depuis l’appartement.

Des touches de couleurs employées avec parcimonie

Les chaises « APC » de Jasper Morrison pour Vitra dégainent quelques couleurs primaires qui viennent réveiller les lignes sages de la table, les murs blancs et le parquet en chêne clair de la pièce. Ce ravissant équilibre, l’architecte en a fait une marque de fabrique qu’il travaille au fil de ses projets. Libérés des papiers peints et coups de peinture, les murs respirent, la circulation gagne en fluidité et les espaces en lumière, la couleur des meubles présents se chargent du reste pour élaborer des environnements de vie aux airs de doux tableaux colorés et vivants. 

Les couleurs primaires comme clés du décor

Si côté salon, le meuble sur-mesure joue les bibliothèques et future meuble TV, côté salle à manger, il se contente de quelques étagères en hauteur et d’un meuble bas en bois encastré façon buffet.

Autre détails à retenir : ce poteau bleu qui trône fièrement. Anciennement dissimulé dans un placard de chambre, ce conduit des eaux de pluie a été repeint en bleu Klein pour devenir l’un des marqueurs de la rénovation au même titre que la forme arrondie. L’architecte aime avoir recours à cette nuance aussi poétique que ludique dans les intérieurs. Comme les autres couleurs primaires, le bleu permet d’aller à l’essentiel et de définir les espaces. Une leçon d’architecture héritée du siècle dernier et des maîtres comme Le Corbusier.

Une cuisine à l’esthétique fifties assumée

Retour dans l’entrée. A droite de celle-ci, la cuisine s’ouvre généreusement. On y distingue la précieuse courbe de la cage d’escalier qui a constitué le point de départ de toute la rénovation pour l’architecte.

Outre cette rondeur inspirante et insistante, c’est la couleur ici qui retient l’oeil. A une structure de cuisine IKEA basique s’ajoutent des façades Plum Living d’un beau vert sauge. Une teinte pastel évoquant les cuisines américaines des années 50, chères à la maîtresse de maison originaire des Etats-Unis. La forme des façades, la nuance choisie et l’électroménager exposé : tout convoque avec évidence l’American Dream ici. Un sol en vinyle Tarket joue les irrésistibles trompe-l’oeil grâce à un ravissant effet moucheté qui renforce le charme léché de cette cuisine tout en longueur.

Une vasque rétro pour une cuisine pleine de charme

Dans cette cuisine vintage assumé, un grand bac fait figure de lavabo à mi chemin entre l’esthétique rétro et campagne. Placé sous la fenêtre, il permet de profiter de la vue tout en faisant la vaisselle. Côté déco des bougeoirs en laiton The Socialite Family et des planches à découper rustiques The Conran Shop affirment le caractère nostalgique des lieux.

Un bureau minimaliste avec vue

A côté de la cuisine, un petit bureau prend place. Minimaliste par la rigueur de ses lignes, il occupe pourtant toute la largeur de la pièce avec une tablette longiligne en contreplaqué d’Okoumé. La chaise noire « J110 » de Hay est accompagné de la lampe de bureau culte signée Jean Prouvé pour Vitra. Ici encore, la vue fait le décor avec un panorama imprenable sur les ensembles architecturaux du IXXe arrondissement de Paris.

Un WC original

Les WC de cet appartement s’émancipent de la règle habituelle qui voudrait que les toilettes demeurent une pièce complexe à décorer. Du sol aux murs, un carrelage Maison Baya exposant des yeux intrigants suffit à rendre l’endroit attractif.

Une salles de bains aux zelliges bleus

L’appartement compte deux salles de bains. Toutes deux font la part belle au bleu. Dans cette salle de bains réservée aux invités, plan vasque et murs arborent d’élégants zelliges au jeu mat et brillant. Ce revêtement vibrant fait écho au jeu de lumière sur l’eau du canal voisin. Enfin la courbe est toujours de rigueur côté vasque.

Une chambre lumineuse avec vue sur le canal de l’Ourq

Vue plongeante sur la chambre à coucher. Située derrière le mur de la salle à manger, cette dernière pièce traduit une fois encore le goût affirmé des propriétaires pour le style rétro.

Une tête de lit sur-mesure aux lignes rétro

Souvent dévoyé, le style rétro employé entre ces quatre murs demeure le plus précieux, celui où brille l’éternel modernité de certains de ces critères clés à commencer par le bois que l’on retrouve ici en matériau premier pour une tête de lit sur-mesure qui convoque l’esprit fifties. 

A droite, une large bande de peinture aux accents gris vient souligner le volume de la pièce et convoque les nuances de gris, du ciel comme de l’eau du canal, que l’on peut apercevoir des baies vitrées de la chambre à coucher.

Une applique comme clin d’oeil au design italien

Bien que recelant de détails contemporains particulièrement séduisants, l’appartement met un point d’honneur à exposer avec intelligence (et donc discrétion) des pièces emblématiques du design de la seconde partie du XX ème siècle. Après une lampe Jean Prouvé dans le bureau, c’est au tour d’une ingénieuse applique « Minibox » de Gae Aulenti et Piero Castiglioni rééditée par Stilnovo de briller dans la chambre pour jouer les lampes de chevet. 

La courbe toujours au rendez-vous

Focus sur la tête de lit dans son ensemble, avec sa tablette et son applique, pour observer la délicatesse de son design arrondi qui résonne avec l’architecture globale des lieux.

Un appartement avec vue

Le récit ne serait pas complet sans un passage sur le balcon filant de l’appartement. Entièrement repensé en lames de bois composite et meublé de quelques chaises pliantes colorées, inévitablement, il offre un panorama idéal sur le canal et ses fameuses péniches.

La vue sur le Canal de l’Ourq

Focus sur la fameuse passerelle au plaisant pastel qui inspira le choix de la couleur pour la suspension de la salle à manger comme pour celle des meubles de cuisine.

Preuve que dans une rénovation tout est susceptible d’avoir une signification précise !

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