Prévention : de belles avancées pour nous garder en bonne santé

Plutôt que d’administrer des traitements curatifs, médecins et chercheurs planchent sur de nouvelles pistes pour avoir un coup d’avance sur certaines maladies.

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La médecine préventive propose de devenir acteur de sa santé pour contrer l’essor du cancer, du diabète ou de la dépression. Mais fini les messages trop vagues du type « Mangez au moins cinq fruits et légumes par jour » ou « Pratiquez une activité physique régulière ». Les chercheurs rivalisent d’ingéniosité pour gagner la course contre les maladies chroniques et les épidémies, et misent sur l’intelligence artificielle pour affiner les recommandations et nous aider à changer vraiment nos comportements.

Des robots pour éviter la dépression

Une machine à notre écoute vingt-quatre heures sur vingt-quatre, qui prend des nouvelles pour savoir si on a bien dormi ou nous pousse à parler à quelqu’un si elle détecte des idées noires ? Ça peut paraître artificiel mais ça marche ! « Grâce au Natural Language Processing, ces robots (on échange avec eux comme dans une conversation par SMS) comprennent de mieux en mieux le langage humain : ils sont capables de réagir de manière adaptée et empathique, et donnent les bons conseils avec les bons mots. Les gens qui les utilisent ont vraiment le sentiment d’être soutenus », explique la Dre Fanny Jacq, psychiatre, directrice Santé mentale chez Qare et cocréatrice de Mon Sherpa, une appli gratuite de soutien psychologique. Un moyen de prendre en charge plus tôt l’anxiété ou la dépression – aggravées par la crise sanitaire – sans se tourner vers les anxiolytiques ou les antidépresseurs, et sans peur d’être jugé. La technologie est désormais si avancée que l’on peut même envisager de faire une thérapie… avec un psy virtuel. Deprexis, la première thérapie numérique en ligne, est lancée en France ce printemps. Validée par des études cliniques pour réduire les symptômes de la dépression et prévenir les rechutes, cette solution basée sur les thérapies cognitives et comportementales propose dix modules de conversations automatisés, avec des exercices et des conseils personnalisés. Prescrit par un psy ou un médecin, le programme est déjà remboursé en Allemagne, où il coûte autour de 300 € pour trois mois.

Des régimes anti-diabète sur mesure

Chasser les kilos en trop afin de réduire le risque de maladies métaboliques comme le diabète de type 2 ? Plus facile à dire qu’à faire ! « Avec un même régime, on observe des pertes (et des reprises) très variables d’un individu à l’autre. Bien sûr, la génétique, la qualité du sommeil ou l’activité physique comptent beaucoup ; mais le microbiote joue lui aussi un rôle prépondérant », explique Nils Giordano, data scientist chez Integrative Phenomics, qui établit des recommandations nutritionnelles grâce à l’intelligence artificielle. Exit les traditionnelles pyramides alimentaires ou la répartition idéale entre fibres, glucides et protéines. Plusieurs entreprises et chercheurs, comme la Dre Karine Clément au sein de son laboratoire NutriOmics, travaillent sur des régimes personnalisés en fonction du microbiote. Car selon les bactéries qui le composent, on ne métabolise pas les aliments de la même façon : chez certains, la glycémie grimpe en flèche après un biscuit, chez d’autres pas ! En se basant sur des questionnaires pointus et, parfois, sur une analyse de selles, on espère ainsi affiner les conseils pour contrôler son poids. Même si c’est balbutiant, des sociétés commencent à les proposer au grand public, comme le programme Shido qui recommande des aliments en s’appuyant sur l’analyse du microbiote (Nahibu, à partir de 249 €), ou le site de livraison de repas minceur Dietbon, avec Integrative Phenomics (à partir de 249 € par mois). Les premiers résultats sur 62 utilisateurs du programme Dietbon Optimum durant six mois montrent 20 % de perte de poids en plus par rapport au groupe qui suivait un régime classique.

Des vaccins plus efficaces contre la grippe ou le Covid

Vous faites tous les ans votre injection antigrippe ? À l’avenir, elle pourrait être remplacée par un pschitt dans le nez ! Une équipe chinoise a dévoilé des tests concluants sur des souris à propos d’un nouveau vaccin contre cette maladie infectieuse administré sous forme de spray nasal. Il améliore a priori la réponse immunitaire (avec le vaccin classique, celle-ci décline au fil des mois) et offre une meilleure protection contre les différentes souches du virus. Pourquoi passer par le nez ? Parce que c’est la porte d’entrée des virus respiratoires : le vaccin agit directement sur les muqueuses et confère aussi une immunité locale. En France, plusieurs équipes misent sur le même principe en prévention du Covid-19. La start-up Lovaltech a ainsi déposé le brevet d’un nouveau vaccin nasal, développé par l’université de Tours et l’Inrae. Avec deux doses espacées de trois semaines, il serait capable d’arrêter l’infection (quel que soit le variant) et de bloquer toute contamination par une personne vaccinée (aujourd’hui, on transmet le virus même avec trois doses). Lovaltech n’en est qu’à la phase de test sur des rongeurs mais espère une mise sur le marché pour fin 2023.

Des centres pour garder son cerveau au top

Aujourd’hui, seules les personnes qui présentent déjà des signes inquiétants ou des antécédents familiaux ont accès à des consultations spécialisées pour évaluer le risque de démence et d’Alzheimer, afin d’entamer un traitement le plus tôt possible pour freiner l’apparition de la maladie. Dans les années à venir, des services dédiés à la santé du cerveau (baptisés brain health services en anglais) seront créés afin de permettre à celles qui ne présentent aucun trouble particulier de s’informer sur la prévention de ces troubles cognitifs. 40 % des cas de démence pourraient être évités en agissant sur douze facteurs modifiables comme l’hypertension, le tabac, l’alimentation, l’activité physique ou encore les relations sociales. Chacun pourra y faire évaluer son risque personnel, recevoir des conseils et des exercices pour améliorer sa mémoire ou sa concentration, etc.

Des objets connectés qui détectent les problèmes

Grâce à des capteurs de plus en plus performants, les dispositifs de santé connectés améliorent le suivi des maladies chroniques et nous poussent à consulter en cas de données anormales. C’est par exemple le cas de certaines montres avec une fonction électrocardiogramme, capables de détecter une fibrillation auriculaire : cela a permis de révéler des problèmes cardiaques passés jusque-là inaperçus. La nouvelle balance connectée de la marque Withings, Body Scan, en vente d’ici la fin de l’année (259 €), proposera un outil inédit : en stimulant les glandes sudoripares, Sudoscan évalue l’activité nerveuse au niveau des pieds. « Cette mesure est capable de détecter les signes avant-coureurs d’une neuropathie périphérique, qui apparaît dès les premiers stades du diabète mais qui est souvent silencieuse au départ », explique Antoine Joussain, product manager chez Withings. C’est précieux car lorsqu’elle est identifiée suffisamment tôt, cette neuropathie est réversible grâce à la mise en place de bons réflexes d’hygiène de vie, afin d’éviter les complications typiques du pied diabétique comme les ulcères. Cette balance offrira aussi de nouveaux services, permettant par exemple de faire analyser les données de son électrocardiogramme par un médecin ou de bénéficier d’un coaching sportif ou nutritionnel sur mesure. Parce qu’il n’est décidément jamais trop tôt pour bien faire !

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