Axel Bauer est auteur, compositeur, guitariste et acteur. Sa chanson Cargo a rencontré un énorme succès en France en 1983, tout comme le titre Éteins la lumière en 1992. Son duo avec Zazie, A ma place, en 2001 s’est vendu à plus de trois millions d’exemplaires. Il sort un nouvel album Radio Londres.
franceinfo : Radio Londres est le prolongement de votre histoire, celle transmise par vos parents. On pense à votre père, Franck Bauer, qu’on entend sur le premier single et qui était le speaker de Radio Londres. C’est un album de résistance ?
Axel Bauer : C’est un album dans lequel à travers la voix de mon père, il y a cette âme de la résistance forte. Pour Ici, Londres, il avait réenregistré ses messages à pratiquement 93 ans. J’étais surpris d’ailleurs de la jeunesse de sa voix parce que les messages de Radio Londres avaient été enregistrés alors qu’il en avait 22. Oui, c’est un album de résistance. Le thème de la Résistance ne m’accompagnait pas quand j’étais en train de faire l’album, mais il s’est un peu imposé à moi quand j’ai regardé un peu les chansons comme C’est malin et puis la reprise de Aragon, Ferré, Est-ce ainsi que les hommes vivent ? Il y avait cette atmosphère dans l’album.
Je voudrais qu’on parle de C’est malin. Une chanson incroyable parce qu’il y a un lâcher-prise. Je crois qu’on ne vous a jamais entendu autant vous livrer.
Pour être honnête, je n’en suis pas très conscient. J’ai gardé la voix de la maquette, c’est-à-dire qu’au moment où ce texte est arrivé, je suis en train de composer et puis tout d’un coup, il y a ces mots qui arrivent. Et comme souvent, cette maquette, on la refait au propre, comme si c’était un brouillon. En studio, on a réenregistré des instruments par-dessus, bien sûr, mais à la fin, j’ai décidé de garder la voix de la maquette, la voix de cet instant particulier qui est souvent le moment où on compose la chanson. Il y a donc les imperfections, mais en même temps, il y a effectivement l’émotion qui est l’émotion première quand le texte arrive.
On a le sentiment que vous prenez plus de plaisir, aujourd’hui. Il y a une sérénité.
Ce n’est pas faux. Ça pourrait même être vrai !
Non, mais il y a eu un gros travail. C’est une quête, un peu ?
La quête de la sérénité concerne un peu tout le monde. Ça dépend du background de chacun, mais le mien était certainement un peu difficile donc il m’a fallu du temps.
Même au niveau vestimentaire, c’est vrai qu’on vous a vu arriver les premières fois avec ce côté un peu ‘rébellion’. Et là, faire un album sur la résistance mais avec douceur, c’est quand même un sacré pied de nez. La boucle est bouclée ?
Oui. En fait c’est un sujet difficile la résistance et d’ailleurs, au début, j’ai eu du mal à faire la chanson, Ici, Londres. C’est Boris Bergman, qui a trouvé la phrase : « En d’autres temps, on était plus résistants« . Il a résolu le problème parce que c’est un peu le lien qu’il a tissé entre nous aujourd’hui qui n’avons pas connu ces atrocités, la guerre et mon père qui me racontait justement comment ça se passait à 22 ans, sous les bombes en Angleterre.
Je voudrais qu’on parle de l’écriture. Pourquoi ne vous investissez-vous pas plus que ça ?
Je vous répondrais, facilement, que c’est de la paresse parce qu’en fait, je travaille beaucoup la guitare, j’en joue quelquefois huit heures par jour. Et mes amis auteurs reconnus, eux, écrivent sur de petits cahiers à peu près tout le temps. Ils sont vraiment dans le mot, dans la littérature et moi, même si je lis beaucoup, je suis dans une écriture impulsive, c’est-à-dire que quand j’ai quelque chose à dire, je le dis.
Vous parliez de ce parcours, de cette quête de vie. C’est vrai que vous êtes beaucoup apaisé au fil du temps. Il faut du temps pour se trouver, pour trouver sa place ?
On se trouve un peu plus en acceptant qui on est.
à franceinfo
Il faut du temps pour se trouver. Moi, j’ai démarré avec Cargo, qui était un énorme tube qui m’a propulsé très, très jeune quand même, sous les lumières de la célébrité, alors que j’étais plutôt un garçon timide. Mais comme j’avais plutôt une belle gueule, on s’imaginait que j’étais tout le temps en train de prendre de la drogue ou dans un hôtel, à casser des chambres ou encore à être avec des filles, alors qu’en fait j’étais plutôt en train de travailler ma guitare tout le temps ou travailler la musique. Donc une sorte de malentendu d’images, comme ça, s’est créé et il a fallu que je fasse un peu la paix avec ça et me laisse aller pour poursuivre ma route d’auteur-compositeur.
Je voudrais qu’on parle de la scène parce que quand on dit Axel Bauer, on vous imagine sur scène, vous êtes une bête de scène. Ça représente quoi de monter sur scène aujourd’hui, après cette pandémie d’ailleurs ?
La scène, c’est la libération, c’est de la joie.
à franceinfo
D’ailleurs, on a fait un concert il y a peu de temps, c’était vraiment fabuleux. Ce sont de grandes émotions. Comme on en a été privée, bien sûr, on réalise à quel point c’est une chance aussi de pouvoir vivre de sa musique, puis de faire de la musique, la partager avec le public. Oui, effectivement, j’ai hâte.
Vous êtes donc définitivement l’homme qui court !
C’est une métaphore de la vie d’artiste. Oui, je trouve que ça me va bien même si, en fait, je marche vite.
Axel Bauer sera en concert le 2 juillet dans le cadre du Festival Music en Ciel, le 21 juillet à Cassis, le 15 novembre au Trianon à Paris.
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