« J’avais huit ans, mais je me souviens avec une acuité incroyable de ces moments horribles », confie Sylvie Vartan au sujet de son exode forcé de Bulgarie, en 1952. « Mes parents, mon frère et moi quittant Sofia en train et laissant ceux que nous aimions sur le quai… Se pencher à travers la vitre du wagon et dire au revoir à mon grand-père, qui courait après le train avec son mouchoir à la main, essoufflé… La douleur que ça m’a procurée est à jamais inscrite en moi », décrit-elle des décennies plus tard au Parisien.
Un souvenir malheureux, qu’elle évoque à l’occasion de la sortie prochaine de son album caritatif pour les enfants victimes de la guerre d’Ukraine. Disponible dès ce vendredi 13 mai 2022 en digital, puis le 27 mai en physique, Odessa, nommé d’après la ville ukrainienne, réunit cinq titres dont les bénéfices seront reversés à l’ONG Unicef. Il coûte 8 euros.
Une « évidence » pour la chanteuse arrachée à sa terre natale
Si la chanteuse a décidé de venir en aide aux Ukrainiens, c’est parce que leur sort depuis l’invasion russe du 24 février 2022 dans leur pays résonne particulièrement en elle : « Quand j’ai vu à la télévision les images horribles du peuple ukrainien vivant au quotidien sous les bombes, les torrents de larmes des femmes, la pâleur des enfants, les colonnes de gens fuyant la guerre, cela m’a complètement chavirée, écœurée, bouleversée. Cela a résonné violemment en moi, ranimé de douloureux souvenirs. »
Si Sylvie Vartan précise ne pas avoir connu la guerre, elle, mais bien « l’exode » pour fuir « la Bulgarie et son régime totalitaire », qu’elle décrit alors comme « la petite sœur de la Russie stalinienne ». Soutenir les Ukrainiens, « dont le courage force l’admiration' » selon elle, « c’était une évidence. Je devais faire quelque chose », estime l’artiste de 77 ans.
Un répertoire plein de symboles
L’EP Odessa rassemble une version inédite tout juste réenregistrée d’Odessa, morceau sorti en 1988. Mais aussi trois titres issus de son dernier album Merci pour le regard (2021), La Maritza (qui évoque sa fuite de son pays natal, ndlr), Nicolas et Le Bleu de la mer noire.
Et enfin, une reprise live de l’hymne à la paix culte Imagine, de John Lennon, chantée le 6 octobre 1990 à Sofia, alors que Sylvie Vartan revenait pour la première fois en Bulgarie.
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