Auriculothérapie : l’antidouleur qui pique là où ça fait mal !

Cette approche thérapeutique vise à stimuler certains points de l’oreille pour apaiser nos maux les plus divers.

Avec Carine Chaix-Couturier, auriculothérapeute

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Contrairement à ce que l’on pourrait penser de prime abord, l’auriculothérapie médicale a peu à voir avec la médecine traditionnelle chinoise. Sa véritable origine est française. Mise en lumière par les études du médecin lyonnais Paul Nogier en 1951, cette méthode thérapeutique favorise les capacités d’autoguérison de l’organisme pour soulager diverses affections. Explications.

Auriculothérapie : 278 points à votre écoute

Après des années de travaux, Paul Nogier, médecin homéopathe et acupuncteur, a établi une cartographie du pavillon de l’oreille, comparable à un fœtus inversé. Sur cette zone très innervée, 278 points ont été identifiés, correspondant chacun à une partie du corps. Ainsi, les points en lien avec la tête sont situés au niveau du lobe ; ceux qui se rapportent aux viscères et aux organes internes se trouvent sur la conque et le milieu de l’oreille ; ceux qui concernent le rachis et les membres sont positionnés sur l’anthélix, le pli de l’oreille situé au-dessus de la conque. Chaque oreille correspond à la partie de l’organisme située du même côté. « Grâce à une innervation complexe, les points de l’oreille sont liés directement au système nerveux central par l’intermédiaire du tronc cérébral, explique Carine Chaix-Couturier. Lorsqu’un problème de santé survient, une anomalie est détectable au niveau du point d’oreille correspondant à l’organe malade ou dysfonctionnel. Stimuler cette zone auriculaire permet alors de traiter le dysfonctionnement. »

Mettre la douleur en sourdine

Reconnue par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) depuis 1987, cette pratique médicale est particulièrement efficace contre plusieurs types de douleurs : celles aiguës et chroniques, telles que les lombalgies ou l’arthrose du genou, mais aussi celles de type neuropathique (liées à une atteinte du système nerveux central ou périphérique), comme la sciatique. « En stimulant des points précis, on envoie au cerveau des consignes pour qu’il module ou court-circuite une partie de l’information douloureuse, et ce, même pour des douleurs anciennes« , détaille Carine Chaix-Couturier.

Des travaux ont ainsi montré que cette technique apaise une crise migraineuse jusqu’à deux heures après la pose des aiguilles. Réaliser une séance d’auriculothérapie quelques jours avant une intervention chirurgicale réduit le stress et la douleur postopératoire, et donc la prise d’antalgiques. « Dans le sevrage tabagique, l’auriculothérapie permet de prendre du recul et de retrouver un certain libre arbitre face au tabagisme, tout en calmant le circuit de la récompense, qui entretient l’addiction« , ajoute la thérapeute, qui participe à une étude de recherche en cours sur les effets de cette technique sur l’arrêt du tabac avec l’hôpital Foch de Suresnes (92).

Auriculothérapie : laser, aiguilles et puce (à l’oreille !)

Après un examen clinique et un échange avec le patient, le thérapeute repère les points réflexes répondant aux symptômes décrits et définit une stratégie thérapeutique. « Pour cela, on utilise un détecteur qui mesure une différence de potentiel électrique au niveau de l’oreille. Il sonne quand un point n’est pas à l’équilibre et peut être traité. On peut également utiliser un palpeur à pression pour détecter le ou les points douloureux« , détaille Carine Chaix-Couturier. Pour stimuler ensuite la zone en question, l’auriculothérapeute a divers procédés à sa disposition : le laser (la microvibration engendrée stimule le point auriculaire), les aiguilles d’acupuncture classiques à garder quinze à vingt minutes ou encore les aiguilles dites cryogéniques. Le thérapeute pulvérise un spray d’azote liquide au niveau des points de stimulation qui laisse une sensation de chaud-froid après l’application. Quant aux clous semi-permanents (ASP) de seulement 3 mm de long, ils sont protégés par une pastille adhésive pour éviter d’accrocher et restent en place durant une à trois semaines, avant de tomber d’eux-mêmes quand « ils ont fait leur travail ». Tout le matériel utilisé est bien entendu stérile et à usage unique.

Auriculothérapie : des résultats variables selon les patients

Le nombre de séances est ajusté selon le type de symptômes. Une seule peut suffire pour soulager une douleur aiguë, mais il faut plutôt en compter deux à trois, espacées d’un mois, pour venir à bout d’un mal chronique. « Une fois les maux traités, les points auriculaires s’éteignent. Mais l’auriculothérapie peut aussi ne pas apporter de bénéfices notables. S’il n’y a pas eu d’évolution après trois séances, cela signifie que cette technique ne pourra pas aider le patient. De même, on peut être déçu du manque de résultats lorsqu’il n’y a pas de motivation personnelle, particulièrement dans le traitement des addictions. La personne doit vraiment adhérer aux soins« , met en garde la thérapeute. L’auriculothérapie est par ailleurs déconseillée aux personnes présentant des lésions cutanées au niveau du pavillon de l’oreille. Certains examens et actes médicaux réduisent également la possibilité d’utiliser des aiguilles semi-permanentes (IRM, scanner, radiothérapie, etc.).

Un support en cancérologie

Le champ de la discipline s’étend aux douleurs qui peuvent apparaître après une radiothérapie, celles liées à une cicatrice ou à la tumeur elle-même, en complément des traitements antalgiques classiques. Elle est aussi indiquée en cas de sécheresse buccale due à l’altération des glandes salivaires par les traitements anticancéreux ou en cas de bouffées de chaleur occasionnées par un traitement d’hormonothérapie. « On propose en outre une séance d’auriculothérapie dans les jours précédents une chimiothérapie pour prévenir les nausées et les vomissements« , précise Carine Chaix-Couturier, qui exerce également à l’Institut Rafaël, maison de l’après-cancer à Levallois-Perret (92).

Auriculothérapie : où trouver le bon praticien ?

Seul le corps médical (médecins, chirurgiens-dentistes, sages-femmes) est habilité à pratiquer l’auriculothérapie en France. Un annuaire est disponible sur le site de la Société française d’auriculothérapie.

Merci à Carine Chaix-Couturier, auriculothérapeute à Paris et à Montigny-le-Bretonneux (78), titulaire d’un DIU d’auriculothérapie.

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