"La colline où rugissent les lionnes", manifeste féministe lumineux

Luàna Bajrami est née au Kosovo en 2001, et y a vécu jusqu’à l’âge de 7 ans, avant d’arriver en France avec sa famille. Après avoir étudié le théâtre et obtenu un bac L mention très bien avec un an d’avance, on a commencé à la voir dans des films comme Portrait de la jeune fille en feu ou encore L’Evénement, films français d’auteur reconnus ici ou à l’étranger. Et à seulement 21 ans donc, elle signe son premier film comme réalisatrice, La colline où rugissent les lionnes, l’histoire de trois jeunes femmes dans un village kosovar qui tentent d’échapper aux pesanteurs d’une société très masculine et rêvent de luxe, d’ailleurs, et de liberté :

« C’est quelque chose qui a dormi longtemps en moi, mais qui est sorti d’un coup. Parler de jeunesse, de jeunes « lionnes », au Kosovo, c’était un désir latent et l’écriture s’est faite très très vite. Il y avait quand même une idée, alors pas l’histoire précise en elle-même, qui était là depuis bien quatre-cinq ans, explique-t-elle. J’ai une cousine au Kosovo avec qui on a grandi ensemble et passé du temps, et il y avait cette dualité-là, la jeunesse française et la jeunesse kosovare, qui sur cette colline avaient les mêmes doutes et les mêmes ambitions, mais on ne vivait pas dans le même contexte. »

« C’est un pays qui est en contradiction entre une américanisation qui a été très rapide, depuis la guerre et le protectorat des Nations unies, et une culture albanaise très forte. C’était une grosse inspiration de ce film-là. »

à franceinfo

Le film est lumineux, fort, féministe, les comédiennes, débutantes pour la plupart, ont beaucoup de présence et sont très crédibles. La bande-son, avec du rock et de la pop venue des Balkans, est parfaite aussi. Luàna Bajrami explique avoir été à bonne école avec des cinéastes comme Céline Sciamma ou Audrey Diwan :

« Je pense avoir été touchée par les causes qu’elles voulaient défendre, indique-t-elle. Mais j’ai d’abord été touchée par les personnes qu’elles sont, je suis tombée amoureuse d’elles avant de l’être de leur projet, et vice-versa. Et c’est ça qui m’a emmenée vers ces films, qui ont été très marquants dans mon parcours et qui m’ont fait grandir. »

La Colline où rugissent les lionnes avait été présenté au dernier Festival de Cannes, à la Quinzaine des réalisateurs. On y retrouvera Luàna Bajrami dans le film d’ouverture du prochain festival, dans quelque jours, la comédie de zombies Z (comme Z) de Michel Hazanavicius.

La chronique d’un retour impossible

Des militaires qui reviennent d’un conflit traumatisés et inadaptés à leur pays ou à la vie de tous les jours, je sujet a bien sûr été maintes fois traités dans le cinéma anglo-saxon, majoritairement, mais assez peu en France, et c’est l’ambition de Sentinelle Sud réalisé par Mathieu Gérault. Ici les soldats reviennent d’Afghanistan, après une funeste opération clandestine, il est aussi question de trafic d’opium.

Dans les deux rôles principaux, celui des deux frères d’armes, on retrouve Niels Schneider, extraordinaire ici avec un physique épaissi, une gueule cabossée, et un façon de parler rappelant celle des militaires. Et Sofian Khammes, de plus en plus présent au cinéma, excellent lui aussi, a été bluffé par la prestation de son partenaire :

« Moi je savais que c’était un très bon acteur, explique-t-il. Mais j’ai pris une grosse claque. Non seulement parce qu’il interprète extrêmement bien son rôle, mais aussi parce qu’il est devant moi, je le regarde travailler, je repense à sa filmographie et je me dis « OK il a fait ça, ça et ça, mais il est aussi capable de faire ça ! Quand j’étais sur le plateau, je l’ai vu en me disant « wahou, c’est très très fort ce qu’il fait ». Et moi si je suis intéressant dans certaines scènes, c’est aussi parce que j’ai un partenaire qui envoie du lourd à côté. »

India Hair et Denis Lavant complètent le casting d’un film percutant, pas toujours vraisemblable, mais haletant et violent. La représentation de zones périphériques françaises, impersonnelles et tristes, rappelant aussi un terrain de guerre, est elle aussi particulièrement réussie.

Un « Little miss sunshine » persan

Une voiture qui file vers on ne sait où, au milieu de splendides paysages iraniens, avec un équipage hétéroclite. Soit une famille : un gamin irrésistible, une mère inquiète, un père la jambe dans le plâtre et le fils ainé qui conduit sans ouvrir la bouche ou presque : voilà le programme du film « Hit the Road », notre troisième et dernier conseil de la semaine, réalisé par Panah Panahi, fils d’un autre réalisateur, Jafar, auteur entre autres de « Taxi Téhéran ». Un film bourré d’humour noir et de poésie.

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