Après le débat de l’entre-deux-tours de l’élection présidentielle entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, Léa Salamé a eu une réaction surprenante qui a fait beaucoup parler et qui est représentative de notre époque.
« Je ne sais pas comment ça s’est passé, je n’ai même pas encore récupéré mon téléphone. » Ces mots sont de Léa Salamé juste après les trois heures de débat entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, le 20 avril dernier. Comme l’explique Philosophie Magazine : il s’agit « d’un réflexe que nous sommes de plus en plus à avoir quotidiennement : le besoin d’en passer par notre téléphone pour faire sens de ce qui nous arrive, alors que nous vivons pourtant l’expérience en première personne ». Ce que confirme le philosophe et essayiste, Pierre Cassou-Noguès dans son dernier livre, La Bienveillance des machines, dans lequel il s’interroge sur ce nouveau rapport que nous entretenons avec nos machines qui font beaucoup de choses pour nous comme calculer le rythme cardiaque, l’humeur…
Une réaction humaine pour Léa Salamé
En ce qui concerne la réponse de Léa Salamé, Pierre Cassou-Noguès répond à Philosophie Magazine : « Je me mets à sa place, et il me semble que dans des circonstances analogues, j’aurai la même impression, aliénante et étrange : avoir participé à un événement hyper-intense, stressant au possible, et ne rien pouvoir en dire avant d’avoir consulté mon téléphone. » Il va même plus loin puisque pour le philosophe, nous aurions besoin de cet outil « pour clarifier nos pensées, pour savoir ce que nous pensons de ce que nous avons pourtant vécu de l’intérieur et au plus près de l’événement ».
Une phrase révélatrice de notre époque
Plus que sur le débat ou Léa Salamé, cette phrase serait représentative de notre époque. « Ne nous sentons pas tous dorénavant perdus ou désorientés quand nous nous rendons compte que nous avons oublié notre téléphone à la table d’un café ? Comme si nous ne pouvions plus nous orienter dans le monde qui nous environne sans cet outil », précise Pierre Cassou-Noguès. Parce que perdre ou être privé de notre téléphone, c’est « le sentiment d’avoir perdu notre rapport à l’extérieur autant qu’à nous-mêmes, car cet objet perdu recèle notre mémoire, les photos que nous n’avons pas stockées sur le cloud, les notes que j’ai prises, les livres que je suis en train de lire ».
Article écrit en collaboration avec 6Médias
Crédits photos : Ludovic Marin/Pool/Bestimage
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