Le vieillissement cellulaire est-il vraiment inéluctable ? Peut-être pas, si l’on en croit les résultats d’une étude menée par une équipe de scientifiques du Babraham Institute à Cambridge. Ces derniers auraient en effet trouvé le moyen de rajeunir les cellules de la peau, une découverte qui pourrait bien révolutionner l’univers de la médecine régénérative. Pour mieux comprendre l’impact de cette découverte, nous avons interrogé Miria Ricchetti, cheffe de groupe du laboratoire Mécanismes Moléculaires du Vieillissement Pathologique et Physiologique de l’Institut Pasteur.
Une avancée majeure dans la recherche sur le vieillissement cellulaire
Ce que les chercheurs du Babraham Institute sont parvenus à démontrer ? La possibilité de rajeunir de 30 ans des cellules humaines de la peau d’une femme de 53 ans, le tout sans que ces dernières ne perdent leur identité propre et leur fonction (c’est-à-dire qu’elles vont rester des cellules de peau). « Ils ont pu déterminer après avoir analysé les prélèvements, que les cellules avaient des marqueurs – celles de l’horloge épigénétique notamment qui permettent de déterminer l’âge biologique d’un individu – qui correspondaient non pas à l’âge initial du témoin test mais de celui d’un témoin plus jeune », explique Miria Ricchetti.
Plus impressionnant encore, les chercheurs ont observé que ces cellules « reprogrammées » produisaient plus de collagène que les cellules n’ayant pas suivi le processus. Une information qui pourrait à l’avenir servir dans les recherches pour guérir les personnes gravement brûlées ou avec de larges cicatrices puisque l’on sait que le collagène aide à la cicatrisation.
« Oui ces résultats sont une réelle avancée pour la recherche sur le vieillissement », affirme l’experte qui rappelle toutefois que cette découverte a été rendue possible grâce aux travaux de l’équipe du professeur Izpisua-Belmonte qui, en 2016, avait reprogrammé de façon partielle les cellules de peau de souris atteintes d’une maladie du vieillissement précoce, résultant en une amélioration de leur état et de leur espérance de vie.
Une technique, qui découle directement de celle développée par le professeur Shinya Yamanaka dix ans plus tôt, qui permet de créer des cellules souches pluripotentes (IPS), soit des cellules capables de former tous les tissus de l’organisme adulte, à partir d’une cellule différentiée, comme une cellule de la peau. Cette prouesse lui a d’ailleurs valu le prix Nobel de physiologie et de médecine en 2012.
Reprogrammation cellulaire : une technique prometteuse mais risquée
Peut-on alors s’imaginer pouvoir appliquer une crème et rajeunir de 30 ans dès demain ? « On n’en est pas encore là », tempère Miria Ricchetti. « Pour l’instant ce ne sont que des expériences qui ont été réalisées in vitro, ils n’ont pas encore fait de tests sur la peau directement et on est loin de pouvoir le faire, même de façon expérimentale. Mais c’est une excellente nouvelle. Ce n’est que depuis quelques années que l’on sait qu’on peut rajeunir un système, avant c’était impensable d’imaginer ça. Maintenant on sait qu’on peut y arriver, et avec des approches différentes. »
Et d’ailleurs, plus que le fait de retrouver une peau plus jeune, cette nouvelle technique pourrait, selon le Dr. Diljeet Gill qui a dirigé l’étude, avoir des effets sur les gènes liés à la maladie d’Alzheimer et au développement de la cataracte.
Autre question que soulève cette innovation : rajeunir oui, mais à quel prix ? « Le processus de reprogrammation cellulaire, même partiel, n’est pas sans risque. On sait par exemple que la technique utilisée par le professeur Yamanaka peut provoquer des altérations du génome avec des possibles effets cancérigènes ou indésirables « , indique Miria Ricchetti.
La solution en attendant le jour où la science aura trouvé le moyen de nous faire rajeunir ? Adopter une hygiène de vie saine, espérer d’avoir de bons gènes et maintenir un bon niveau d’antioxydants dans nos cellules.
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