Gilberto Gil, légende vivante de la musique brésilienne, est officiellement immortel : le chanteur de 79 ans a été intronisé vendredi soir à l’Académie brésilienne des Lettres (ABL), et a assuré qu’il « gardait l’espoir » malgré la période « politiquement sombre » traversée par son pays.
« Les écrivains et les artistes ont rarement fait face à autant d’hostilité », a déclaré l’icône du tropicalisme, qui a revêtu pour la première fois son habit de cérémonie vert kaki orné de dorures pour son intronisation, à Rio de Janeiro.
Il est le deuxième homme noir dans la composition actuelle de l’ABL, qui compte 40 membres et a été fondée en 1897 sur le modèle de l’Académie française.
« L’Académie brésilienne des lettres a pour responsabilité de renforcer l’image intellectuelle du pays face a l’obscurantisme, la démagogie et les atteintes à la démocratie », a ajouté le chanteur, dans un discours plein de critiques envers le gouvernement du président d’extrême droite Jair Bolsonaro, qui n’a toutefois pas été cité nommément.
« L’espoir au milieu des ténèbres »
« Malgré la période politiquement sombre que nous traversons, je garde l’espoir au milieu des ténèbres », a insisté cet ancien ministre de la Culture de l’ex-président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, grand rival de M. Bolsonaro pour la présidentielle d’octobre.
Mercredi, le président brésilien a suscité un tollé en opposant son véto à un projet de loi devant débloquer des fonds pour venir en aide au secteur culturel durement touché par la pandémie de coronavirus.
Dans son gouvernement, le ministère de la Culture est relégué au rang de simple secrétariat, sous tutelle du ministère de Tourisme.
Le gouvernement Bolsonaro a par ailleurs été accusé à plusieurs reprises de censure, certains artistes relatant des difficultés pour obtenir des subventions, notamment pour des projets liés aux thématiques LGBT.
Figure de proue du tropicalisme
Auteur de succès comme Aquele Abraço ou Toda menina Baiana, Gilberto Gil, né à Salvador de Bahia (nord-est), compte à son actif près de 60 disques et a remporté deux Grammy Awards.
Au côté de Caetano Veloso, ce chanteur et compositeur a été une des figures de proue du tropicalisme, mouvement libertaire qui a révolutionné la musique brésilienne dans les années 60.
Ministre de la Culture Lula de 2003 à 2008, il a également été nommé Artiste pour la Paix de l’Unesco en 1999. Le musicien avait confié à Franceinfo Culture lors de sa tournée en Europe à l’automne dernier « la peur, la tristesse, l’angoisse » puis son « espoir » pour le Brésil après les mois de pandémie.
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