La candidate officielle du Parti socialiste veut y croire, jusqu’au bout. Elle espère encore créer la surprise, faire mentir les sondages qui la placent en queue de peloton, derrière le communiste Fabien Roussel. Malgré la tempête, l’aspirante à l’Élysée n’aura pas abandonné, relève son entourage, qui aime répéter qu’elle doit cette ténacité à ses origines modestes et la fuite du franquisme de sa famille.
De son arrivée en France jusqu’à son rêve de Présidence, en passant par son installation à l’Hôtel de Ville, retour sur le parcours d’une femme politique fidèle à son parti.
Née en Andalousie, au sein d’une famille modeste
« Je suis la seule à venir d’un milieu ouvrier », lâche Anne Hidalgo au micro de BFM TV mercredi 5 avril, une poignée de jours avant le premier tour. « Bonjour, enchanté », rétorque sur Twitter Philippe Poutou, aussi aspirant à l’Élysée et ouvrier dans l’automobile.
Avec cette sortie, la candidate socialiste, parfois critiquée pour son « parisianisme », entendait rappeler ses origines modestes. Fille d’un ouvrier électricien syndicaliste et d’une mère couturière, tous deux Espagnols, Anne est née « Ana María », à San Fernando, petite ville andalouse.
La famille Hidalgo doit fuir l’Espagne, la misère et la dictature de Franco. Elle émigre en France au printemps 1962 et s’installe à Lyon avec Anne, à peine âgée de 2 ans. À l’âge de 14 ans, l’adolescente est naturalisée française. Trente ans plus tard, Anne Hidalgo reprend la nationalité espagnole. Celle qui parle couramment la langue de ses parents – qui sont retournés vivre en Espagne – a donc, depuis 2003, la double nationalité.
Ses débuts en politique : des cabinets ministériels au Conseil de Paris
À l’université de Lyon, l’étudiante décroche une maîtrise de sciences sociales du travail et un DEA de droit social et syndical, avant de réussir, en 1982, le concours national de l’inspection du travail. Elle est, à cette époque, une des rares femmes reçues à cet examen.
Deux ans plus tard, la vingtenaire obtient son premier poste d’inspectrice du travail à Chevilly-Larue, dans le Val-de-Marne. Elle sera nommée directrice de l’Institut national du travail après sept années d’exercice.
Anne Hidalgo prend sa carte au Parti Socialiste (PS) en 1994. La militante retire sa casquette d’inspectrice du travail spécialiste des industries en déclin et se consacre à la politique dès 1997. Cette année-là, elle devient conseillère au ministère de l’Emploi et de la Solidarité auprès de Martine Aubry, qui deviendra son amie et sa mentor. Elle y siègera jusqu’à 2002.
Durant ces années où elle travaille pour ce cabinet du gouvernement Jospin, elle rencontre Jean-Marc Germain, lui aussi conseiller de Martine Aubry. Anne Hidalgo et ce polytechnicien se disent Oui devant Bertrand Delanoë, alors maire de Paris, en 2004. Deux ans auparavant, le couple donne naissance à leur fils. Arthur Germain est le benjamin des enfants de la femme politique. Ses aînés, Mathieu et Elsa, sont nés respectivement en 1986 et 1988 d’une précédente union. Les deux anciens conseillers ministériels sont toujours mariés.
En 2001, Anne Hidalgo entame un tournant dans sa carrière politique. Sous l’étiquette socialiste, elle se présente aux élections municipales dans le XVème arrondissement, où elle vit depuis plusieurs années. C’est une défaite. Mais la femme politique siège au Conseil de Paris et le maire socialiste de la capitale, Bertrand Delanoë, la nomme première adjointe, chargée de l’égalité femme-homme.
Le première femme maire de Paris
Élue conseillère régionale en 2004, puis réélue à ce poste en 2010, Anne Hidalgo devient présidente d’Île-de-France Europe, l’organisme qui assure la représentation de la région à Bruxelles, auprès de l’Union Européenne.
Mais c’est d’un grand bureau à l’Hôtel de Ville dont semble rêver l’adjointe de Bertrand Delanoë. Et ce dernier la désignera comme sa successeure naturelle.
La liste d’Anne Hidalgo l’emporte en 2014, avec 53,34% des voix, face à celle de la candidate UMP Nathalie Kosciusko-Morizet. Le 5 avril 2014, la socialiste devient la première femme maire de Paris.
De ce mandat, les Parisiennes et Parisiens retiennent la piétonnisation des voies sur berges de Seine – applaudie par certains et critiqués par d’autres, agacés -, la création de dizaines de milliers de logements sociaux, mais aussi, la multiplication par deux de la dette de la capitale.
Soutenue par divers partis de gauche (le Parti socialiste dont elle est issue, mais aussi le Parti communiste français, Place publique et par quelques élus écologistes), Anne Hidalgo se présente à sa succession en 2020 et remporte l’élection avec 48,5% voix, battant Rachida Dati et Agnès Buzyn.
La maire souhaite monter d’un cran dans la transformation de la circulation de la Ville lumière. Elle propose de développer davantage la place du vélo et de piétonniser le centre de la capitale.
Les promesses de la candidate en matière des droits de femmes
À 62 ans, la maire socialiste s’engage pour la première fois dans une élection présidentielle. C’est lors d’un déplacement à Rouen, loin de son fief parisien, qu’elle officialise sa candidature le 12 septembre 2021.
Si elle reçoit de nombreux soutiens d’élus locaux – elle est la troisième candidate en nombre de parrainages -, Anne Hidalgo peine à décoller dans les sondages. Donnée entre 2 et 6% d’intention de votes par les instituts, la représentante du Parti socialiste, qui a choisi pour slogan « Ensemble, changeons d’avenir », refuse de se retirer. Même quand Christiane Taubira est élue à la Primaire populaire, en janvier 2022.
Mais que trouve-t-on dans son programme ? L’augmentation du Smic de 15%, la limitation des « écarts indécents de rémunération », l’abaissement du droit de vote à 16 ans, la sortie du nucléaire, la reconnaissance du vote blanc, ou encore, l’instauration d’une ISF « Climat et Biodiversité ».
À propos de cette dernière mesure, elle assure, dans une interview accordée à Marie Claire, que « les recettes – 5 milliards € – financeront la transition écologique : rénovation énergétique des logements avec la mise en place d’un tiers payant, aides à l’achat de véhicules propres, développement des énergies renouvelables pour atteindre dès que possible le 100%, car il est absurde de vouloir faire peser le coût de la transition écologique sur les classes populaires et moyennes ».
Et en matière des droits des femmes, que prévoit celle qui aspire à la Présidence de la République ?
« Je me suis déjà engagée à mettre un milliard d’euros dans la lutte contre les violences faites aux femmes », rappelle à Marie Claire la candidate, qui plaide aussi pour « la suspension de l’autorité parentale du conjoint violent », et la mise en place « de tribunaux et de brigades spécialisés dans la lutte contre les violences sexuelles et sexistes ».
Anne Hidalgo propose également de créer un statut pour les familles monoparentales, « qui ouvrira des droits spécifiques comme nous avons su le faire pour les familles nombreuse », peut-on lire dans son programme.
Par ailleurs, la socialiste souhaite durcir les sanctions contre les entreprises qui ne respectent pas l’égalité salariale et allonger le congé du second parent à 16 semaines, dont 8 obligatoires, comme l’Espagne, qu’elle cite souvent en exemple sur le traitement politique des questions liées aux droits des femmes.
L’aspirante à l’Élysée a aussi rédigé plusieurs mesures de santé publique. Parmi elles : la reconnaissance de l’endométriose comme une maladie de longue durée, la gratuité de la contraception comme des protections hygiéniques, ou encore, la suppression de la double clause de conscience, qui, « ne fait que freiner l’accès à l’IVG et culpabiliser les femmes ».
- Présidentielle 2022 : les élections vues par les travailleuses du nettoyage
- Présidentielle 2022 : les élections vues par les sages-femmes
Source: Lire L’Article Complet