Marina Foïs et Nicolas Ghesquière : amis à la vie, à la mode

« Je l’appelle, je lui dis : ‘Je vais à Cannes.’ Il me répond : ‘OK, viens boire un café’ et il me montre ce qu’il a dessiné pour moi. C’est le luxe ultime. » Voilà le genre d’amitié qui lie l’actrice, ce mois-ci à l’affiche du film Ils sont vivants (1), et le créateur, à la tête des collections femme de Louis Vuitton.

Une relation nourrie de confiance et d’admiration mutuelle qu’ils n’avaient jamais eu l’occasion de mettre en mots. C’est ce qui nous a donné l’envie de les réunir pour évoquer, entre autres, la mode qui les a construits, mais aussi l’histoire qu’ils dessinent ensemble à travers cette intimité précieuse et rare, pour elle comme pour lui.

En près de quinze ans d’amitié et de compagnonnage professionnel, c’est leur toute première interview croisée. Marina Foïs, actrice subtile au registre généreux, de la comédie au cinéma social, se révèle bouleversante dans Ils sont vivants (1), de Jérémie Elkaïm, film inspiré d’une histoire vraie où elle est Béatrice, aide-soignante à Calais, qui va vivre une révolution intime et politique aux côtés de migrants et d’un homme en particulier, un exilé iranien la ramenant à la vie.

Pour un autre film, dont le tournage vient à peine de s’achever en Espagne (2), elle a coupé ses cheveux très courts : c’est sa première apparition publique avec cette nouvelle tête, qui la chamboule ( » j’ai beaucoup pleuré ») et sied à son allure précise, piquante.

Nicolas Ghesquière l’habille sur tapis rouge, mais il est aussi son conseiller, son confident, l’un de ceux qui lui ont « donné confiance ». Le directeur artistique des collections femme de Louis Vuitton, amateur de septième art et de femmes fortes, fête ses huit ans de création dans la maison de luxe française à l’heure où la mode connaît de multiples mutations.

On s’est invité dans cette conversation tissée de leurs tocades communes, le style, le cinéma, l’architecture… et même The Voice !

Nicolas Ghesquière et Marina Fois, une amitié "très banale"

Marie Claire : Comment vous êtes-vous rencontrés ?

Marina Foïs : Je me souviens très bien de la genèse. Nicolas m’a invitée à un défilé Balenciaga auquel je ne pouvais pas assister, mais j’étais hyper fière parce que j’aimais son travail et que je savais qu’il n’invitait pas n’importe qui ! Juste après, pour les Césars, je lui ai demandé de m’habiller : j’ai porté une toute petite robe violette. Puis il m’a invitée à déjeuner et notre amitié a commencé.

Qui êtes-vous l’un pour l’autre ?

Nicolas Ghesquière : On se parle de tout, c’est précieux. On s’est reconnu mutuellement. Je lance parfois des signaux d’amour ainsi. Je l’ai fait pour Isabelle Huppert il y a longtemps – elle a répondu quelques années plus tard – ou pour Charlotte Gainsbourg. Et donc pour Marina !

C’est une façon de leur dire : « Tu m’inspires, vous m’inspirez… » Au-delà du vêtement, nous dessinons quelque chose ensemble, au long cours, et l’histoire se nourrit de loyauté et de nos passions partagées.

« J’ai été une femme tard. Je le suis devenue grâce au père de mes enfants et grâce à Nicolas. Son regard m’a autorisé une liberté et une confiance folles. Ses robes ou ses looks donnent de la colonne vertébrale aux femmes. »

Marina Foïs : Notre amitié est loin des images professionnelles, elle est même très banale ! On est un bon soutien l’un pour l’autre sur l’intimité. J’admirais son travail avant de le rencontrer, mais on sait que parfois, sur les plateaux de cinéma, on a rendez-vous avec un acteur qu’on vénère et ça fait flop parce qu’il ne se passe rien à la table régie… Ça n’empêche pas de faire un bon film, d’ailleurs. Il y a quelque chose dans ce que crée Nicolas qui me correspond à 100 % et il se trouve que, par ramifications, on a de multiples centres d’intérêt communs dans nos vies si différentes. Le cœur est là !

Marina Fois, son style et son rapport à la mode

Marina Foïs, vous avez souffert de dysmorphophobie à l’adolescence et vous dites que le cinéma vous a aidée, de même que la psychanalyse et les hommes qui vous ont aimée. Mais aussi la mode. Elle peut faire office de thérapie ?

M.F : J’ai été une femme tard. Je le suis devenue grâce au père de mes enfants et grâce à Nicolas. Son regard m’a autorisé une liberté et une confiance folles. Ses robes ou ses looks donnent de la colonne vertébrale aux femmes. Être une actrice, c’est très compliqué, on est cernée par l’image de soi. L’apparence est au cœur de mon métier, mais aussi de la vie des femmes de nos jours plus que jamais.

J’ai la chance que la représentation soit devenue un plaisir parce qu’elle est encadrée par Nicolas. Je n’ai pas du tout la panique du red carpet ! Je l’appelle, je lui dis : « Je vais à Cannes. » Il me répond : « OK, viens boire un café » et il me montre ce qu’il a dessiné pour moi. C’est le luxe ultime, j’ai d’ailleurs de nombreuses amies actrices qui pâlissent de jalousie…

N.G. : C’est un exercice passionnant pour moi car il ne s’agit pas seulement de créer une robe pour un instant de représentation mais aussi de penser en cohérence avec le film, le contexte de cinéma et de société, le personnage que Marina incarne.

Dans mon travail, j’ai toujours essayé de ne pas instrumentaliser l’image de la femme. J’adore la présence de Marina, spécialement sur le red carpet, pour cette raison. Elle n’est réductible à aucun cliché, ça me touche beaucoup. Trop longtemps, on a suggéré aux femmes qu’elles devaient ressembler à Jessica Rabbit. Heureusement, ces stéréotypes ont été démontés ces dernières années, et Marina y a vivement contribué, comme Charlotte Gainsbourg, en portant du court ou des habits dits « d’homme ».

M.F. : C’est parfois compliqué d’assumer ce red carpet quand on fait un film social, et pourtant je pense que c’est un faux débat. J’assume tout. Oui, une partie de moi a une passion pour le vêtement et je me vautre complètement dans mon plaisir. Et si on m’accuse de superficialité, je répondrais : « Oui ! » car j’en ai besoin, on en a tous besoin. Je le revendique absolument.

Dans ma pratique de la mode, je suis hors-sol parce que j’ai accès à des gens et à des créations que très peu de monde approche. Mais la mode nous permet cette joie dans la mesure où elle n’est pas fabriquée par des Ouïghours. La vie est difficile pour beaucoup de gens, tout ce qui nous permet de nous échapper, de jouer, de créer du beau et du plaisir, on doit le chérir. Sans regarder de haut ces usages : je comprends les gamines qui s’achètent quatorze t-shirts. C’est une expression de soi.

Dans Ils sont vivants, film poignant de Jérémie Elkaïm, vous campez une aide-soignante dont l’époux, policier et sympathisant d’extrême droite, vient de mourir et qui va peu à peu s’engager, corps et âme, en faveur des migrants de Calais. Comment trouver le vêtement juste pour un tel rôle ?

M.F. : Il existe des costumières géniales, Virginie Montel ou Isabelle Pannetier, qui savent mixer le réel et la fiction. L’enjeu, quand on tourne des films sociaux, est de ne pas tomber dans une caricature où nous, « gens du cinéma », on habillerait les prolos dans une surenchère obscène.

Pour le personnage de Béatrice, on a pensé à une fille qui commence le film un peu éteinte mais qui va se révéler. Elle a certainement eu beaucoup de force et de fantaisie par le passé, ce qui est une indication pour choisir une maille jaune vif ou rose dans un bac de pulls vintage. Je discute aussi beaucoup de mes costumes avec Nicolas.

Comment le monde contemporain, et la jeunesse en particulier – une nouvelle génération avide d’engagements –, influent-ils sur votre travail ?

M.F. : Mes enfants me permettent un rapport au présent très salutaire dans nos métiers loin de la réalité. Et puis je suis un vampire. Sur les tournages, quand de jeunes acteurs arrivent, je vais dîner avec eux, je les regarde et je les écoute parce que j’ai besoin de leur énergie, de leur vision, de savoir ce qui est important pour eux, ce qui ne l’est pas… Je me régénère à leurs côtés.

Je sais, c’est perdu d’avance, je ne changerai plus le monde, ni le cinéma, mais rien ne me déprime plus que des quarantenaires ou cinquantenaires qui reprochent aux jeunes tout ce qu’ils ne font pas, ou pas bien, tous les livres qu’ils n’ont pas lus, tous les films qu’ils n’ont pas vus, au lieu de dire : « Alors vas-y, raconte… qu’est ce qui t’intéresse ?… Ah, ça, tu t’en fous ? Dingue ! » Le monde adulte punit sans arrêt moralement la jeunesse et je pense que c’est politiquement idiot. Au contraire, il faudrait traiter très très très très bien notre jeunesse, qui va de toute façon insuffler l’énergie que nous n’avons plus pour réinventer des choses.

La mode selon Nicolas Ghesquière

Produire différemment, polluer moins, recycler… Ces problématiques impactent fortement la mode. Nicolas Ghesquière, comment les envisagez-vous ?

N.G. : Au sein du studio, tous les âges sont représentés. À certains moments, nous échangeons librement à la façon d’une table ouverte et ce sont des sujets récurrents, portés souvent par les plus jeunes. Louis Vuitton a été la cible de l’association Extinction Rebellion (mouvement de désobéissance civile contre le dérèglement climatique, ndlr) lors du dernier défilé et, passé la peur, je l’ai pris comme un appel. Nous ne pouvons plus détourner le regard. Cet événement a nourri de nombreuses discussions dans le studio : comment aller plus loin dans le sourcing, dans l’upcycling, etc. Ce chemin est nécessaire.

Au bout de huit ans chez Louis Vuitton, quel est votre moteur pour préserver l’envie de créer ?

N.G. : Mon premier enjeu est totalement égoïste : j’essaie de me surprendre, ce qui n’est pas facile du tout ! C’est un cliché mais je passe des nuits blanches à dessiner et parfois, au fil des heures, j’ai la sensation grisante de trouver quelque chose d’intéressant, un détail, un sac, une chaussure… Une découverte qui me met dans un état un peu étrange, c’est presque une transe quand on touche à ça. Je ressentais ce même état de surexcitation quand j’étais enfant et que je dessinais, alors qu’il n’y avait pas l’enjeu du défilé !

L’architecture et le design sont une autre passion commune. Marina, vous êtes très marquée par votre grand-père italien, architecte et designer, Paolo Foïs. Nicolas, comment s’est faite votre découverte de cet univers ?

N.G. : Par pure curiosité et par le biais de la mode : au-delà des dessins et des vêtements que je pensais pouvoir créer, je voulais imaginer dans quel environnement ces silhouettes allaient évoluer. C’est ainsi que j’ai commencé à m’intéresser à cet univers et je ne me suis plus arrêté !

J’ai la chance de travailler dans une maison qui me permet de sélectionner des lieux exceptionnels pour défiler, des monuments d’architecture spectaculaire dans le monde entier (le Musée Miho, à Kyoto, par exemple) ou en France, comme le Louvre ou plus récemment, l’Axe majeur, à Cergy-Pontoise, pour le dernier défilé croisière. Ce lieu, je l’avais dans mon iPad depuis quatre ans. Je n’y étais jamais allé, je me disais « un jour ! », et les restrictions sanitaires en ont soudain fait le terrain de jeu idéal.

J’adore regarder certains endroits en laissant mon imagination divaguer : quelle femme, quel personnage y vivrait ? Comment elle serait habillée, quel sac elle porterait, qu’est-ce qu’elle dirait ? C’est comme un film…

Des passions communes

Avez-vous des références cinématographiques communes ?

N.G. : Enfant et adolescent, j’ai adoré tous les films de Dario Argento – je dois d’ailleurs préparer un cycle pour Marina ! –, le cinéma d’horreur m’a aussi beaucoup inspiré, ainsi que la science-fiction. J’écoute ses conseils : elle m’a recommandé Jusqu’à la garde de Xavier Legrand, qui m’a beaucoup plu sans que le sujet me touche a priori. Marina m’a aussi fait découvrir les films d’Emmanuelle Bercot.

M.F. : Bon, on va dire la vérité : on regarde beaucoup The Voice aussi et on s’envoie des SMS pendant l’émission !

Est-ce que vous êtes collectionneur l’un, l’autre ? De design, d’art ou de photo ?

N.G. : J’ai des photos d’Irving Penn. Il m’a photographié, plus jeune, je ne me rendais pas du tout compte de l’enjeu à l’époque. J’ai ensuite collaboré avec lui lors de deux séances pour lesquelles il m’a demandé de créer des vêtements exclusifs. J’ai un peu de Mapplethorpe, de Newton et d’Avedon, un peu de Jean-Paul Goude aussi, j’adore son travail.

M.F. : Moi, je vis avec quelques d’Agata. À une avant-première récemment, une gamine est venue vers moi en me donnant sa carte : c’est une jeune photographe très douée. Elle s’appelle _nemooo_ sur Instagram, j’aime sa lumière sensuelle, ses gros plans de mains, je suis touchée par son esthétique.

Marina Foïs, c’est la première fois que l’on vous voit avec les cheveux courts. Qu’est-ce que cette coupe représente pour vous ?

M.F. : Adolescente, à 12 ans, j’étais punk, rasée sur une partie du crâne avec une crête, un bijou ! On me prenait parfois pour un garçon. Cette fois, je les ai coupés pour un rôle, à la demande du réalisateur Rodrigo Sorogoyen. Je lui aurais dit oui à tout, mais j’ai quand même beaucoup pleuré. Tout en sachant que c’était ridicule de pleurer. J’adore mon métier, je n’en ferais aucun autre, mais prêter son corps à quelqu’un pendant trois mois n’est pas rien. Être actrice, ce sont des sacrifices consentants : l’éloignement de ma famille, la solitude, la coupe de cheveux… Ceci, mâtiné à l’exaltation d’un plateau incroyable, produit des souvenirs impérissables. Mais au moment où je donne, j’ai le fantasme d’être beaucoup plus généreuse que je ne le suis.

N.G. : Pourquoi tu pleurais ? Parce que ça touchait à ta féminité ?

M.F. : Je ne sais pas ce que c’est, la féminité… Est-ce que ça n’aurait pas plutôt rapport avec la vieillesse ?

Et quand Christophe Honoré vous a fait jouer un homme, Hervé Guibert, dans sa pièce Les idoles, c’était comment ? Grisant, troublant, naturel ?

M.F. : En vrai, à l’intérieur de moi, je ne me pose pas la question du genre. Pour être tout à fait honnête, j’ai eu la chance de ne pas avoir à me débattre avec ce sujet : comment je me sentais, ce que j’étais, ce que je devais être… Le milieu dans lequel j’ai grandi m’a offert une liberté inouïe. J’aurais été lesbienne, cela n’aurait été un problème pour personne. Moi, ce qui me soucie, c’est quelle sorte d’être humain je suis, quelles relations j’entretiens avec les gens. Est-ce que j’aime assez ? Est-ce que je reçois assez d’amour ? Est-ce que je suis honnête ? Les questions qui me hantent n’ont rien à voir avec le genre mais avec ma responsabilité humaine et citoyenne.

N.G. : Quand je vois tous les garçons qui assument leur féminité aujourd’hui, je suis admiratif au regard de ce que les générations précédentes ne s’autorisaient pas. Nombre de jeunes gens sont libérés du jugement d’autrui, quand j’en étais moi-même, à leur âge, beaucoup plus prisonnier. J’aimerais pouvoir ressentir cette légèreté et cette jubilation pour un mec de pouvoir se maquiller ou de mettre une jupe, par exemple, sans penser à ce que ça pourrait provoquer comme regard ou commentaire…

M.F. : Sur ces questions-là, j’ai l’impression d’être juste à chaque fois que j’assume d’avoir mon âge : c’est très sain de ne pas ressentir les mêmes impulsions, les mêmes intuitions que les gens qui naissent vingt-cinq ans après.

Dessiner des collections femme alors que les vestiaires sont de plus en plus mixtes et que les genres s’effacent a-t-il encore du sens ?

N.G. : Cette frontière homme-femme est largement commerciale et on l’a dynamitée depuis plusieurs saisons déjà avec un vestiaire « gender neutral », à l’image de la façon dont se définissent de nombreuses personnes. Chacun·e peut y composer son dressing idéal à base de pièces de tailoring, de manteaux aux épaules larges, de bombers, de shorts ou de t-shirts unisexes.

Pour le défilé été 2021, le DJ Tanguy Destable avait même composé un titre intitulé Neutral… Longtemps, on a pensé qu’une femme s’habillant comme un homme gagnait en puissance : c’est heureusement dépassé. On s’amuse beaucoup plus qu’avant. Je connais de nombreux hommes qui s’habillent dans les collections féminines et inversement !

M.F. : Après, le « dégenrage »  doit laisser vivre les gens ultra-genrés. À chacun·e son histoire.

N.G. : Souvent, si une pièce est juste artistiquement, elle n’exclut personne. En tout cas, elle provoque une réaction, une émotion, un questionnement. Elle ouvre l’œil et l’esprit. C’est pour cette raison que mieux vaut être assez radical, ne pas atténuer ses envies, ne pas les rendre trop commerciales. À force de vouloir plaire au plus grand nombre, on ne plaît à personne. Il ne faut vraiment pas avoir peur de nos idées dans ce métier. Ni des idées des autres : c’est un collectif, on travaille ensemble, des gens m’apportent leur vision, même si je mets parfois un peu de temps à les intégrer !

Vous avez le même âge, à un an près (50-51). L’âge de… ?

M.F. : De la coloscopie ?

N.G. : De la prostate ? Plus sérieusement, tout va plus vite et je savoure. Je m’encombre moins, j’exprime plus directement ce qui me plaît ou pas, en étant moins maladroit.

M.F. : On est plus assumé. C’est la seule bonne nouvelle, car comme on perd des capacités physiques, de l’éclat et des neurones, autant gagner quelque chose qui serait une sorte de sagesse ? N.G. : De clairvoyance !

Marie-Laure de Noailles avait coutume de demander à ses invité·es : « À quel âge êtes-vous devenu vous-même ? » À vous !

M.F. : Quand j’étais jeune actrice, j’avais créé un « over moi-même », une caricature pour prouver qui j’étais, avoir l’impression d’exister fort et trouver ma place. La sensation d’effacement qui vient avec l’âge est assez agréable dans le travail comme dans les relations. On ne s’est pas vu pendant trois mois ? Pas grave, on sait qu’on s’aime et qu’on se retrouve. On n’a pas besoin d’être en lutte pour exister. Quel repos !

N.G. : Moi, je dirais 17, 18 ans, quand je suis entré chez Jean Paul Gaultier et que j’ai réalisé que ce milieu existait, qu’il me plaisait. Je ne savais pas si j’allais réussir à m’y faire une place mais se profilait un possible. J’étais tellement heureux d’être à cet endroit, à ce moment-là… Je l’ai vécu comme une révélation pour définir qui j’étais. Ensuite, j’ai commencé à beaucoup plus m’assumer dans tout, dans ma sexualité…

M.F. : Vous connaissez la phrase : « La sagesse, c’est d’avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue. » (3) Nicolas et moi avons rêvé très tôt, enfants, de choses quasi inaccessibles… On parle de devenir designer à Loudun ou actrice à Orsay ! Le moment où l’on sent que le rêve va devenir notre vie quotidienne est merveilleux. C’est un plaisir inépuisable, une folie : je n’en suis toujours pas blasée. Chaque plateau de cinéma, chaque tournage, je me dis : waouh…

1. Ils sont vivants, de Jérémie Elkaïm, avec Seear Kohi, Laetitia Dosch… en salle le 23 février. D’après le livre Calais mon amour de Béatrice Huret avec Catherine Siguret, éd. Kero.

2. As Bestas, de Rodrigo Sorogoyen, avec Denis Ménochet, Luis Zahera…

3. Citation d’Oscar Wilde, reprise en partie par William Faulkner dans Sartoris.

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