Après avoir posé le diagnostic d’une surdité, un ORL ou un médecin généraliste peut orienter son patient vers un audioprothésiste. Ce spécialiste peut notamment s’occuper de la conception de d’un appareil auditif. On fait le point sur cette profession.
Avec Brice Jantzem, audioprothésiste et Vice-président du Syndicat des Audioprothésistes
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L’audioprothésiste est un professionnel de santé prenant en charge les déficiences de l’ouïe. Ce dernier s’occupe donc de l’appareillage des patients ayant un trouble auditif en les conseillant et en réglant ces dispositifs médicaux. Il réalise également de la prévention au niveau des personnes exposées régulièrement aux bruits en leur proposant des bouchons anti-bruit.
Dans quels cas, peut-on consulter un audioprothésiste ?
« La moyenne d’âge de notre patientèle est d’environ 75 ans. Seulement 3 % de nos patients ont moins de 20 ans », explique Brice Jantzem, audioprothésiste et Vice-président du Syndicat des Audioprothésistes. Dans une grande majorité des cas, on consulte ce professionnel de santé pour un trouble de l’audition au niveau d’une ou des deux oreille(s).
L’audioprothésiste s’occupe également des patients souffrant d’acouphènes se caractérisant par des sensations auditives en l’absence d’un bruit extérieur. En fonction des individus, ce son est perçu différemment. Il peut s’illustrer par un bourdonnement, un sifflement, un grincement, un chuintement, un cliquetis, un gazouillis ou encore une sonnerie survenant de manière constante ou intermittente.
L’hyperacousie, l’intolérance aux sons forts, ainsi que la misophonie, l’aversion à certains bruits spécifiques, font aussi partie du champ d’action de l’audioprothésiste. Dans le cadre de la protection auditive, ce spécialiste peut réaliser des bouchons et des écouteurs sur-mesure.
Audioprothésiste : comment se déroule une visite ?
L’audioprothésiste travaille sur prescription médicale, autrement dit il ne peut pas délivrer d’appareil auditif sans la pose d’un diagnostic de surdité réalisé par un ORL ou un médecin généraliste.
Lors d’une consultation, l’audioprothésiste réalise un interrogatoire. Il questionne notamment son patient sur ses antécédents médicaux, ses potentiels facteurs de risque et ses difficultés quotidiennes vis-à-vis de sa surdité. « On se renseigne également sur les environnements où les difficultés liées à la baisse d’audition ou à la surdité sont les plus présentes. Elles peuvent survenir dans la rue, au restaurant, dans les transports en commun ou encore à son domicile. On essaye alors de connaître le mode de vie du patient et de savoir s’il est souvent dans ces différents lieux », précise Brice Jantzem.
À la suite de l’interrogatoire, l’audioprothésiste réalise plusieurs examens, dont un audiogramme permettant de caractériser l’atteinte auditive en vue des réglages des aides auditives. Au cours de ce test, le spécialiste fait écouter des sons tonaux et vocaux aux patients. « Cet examen permet d’évaluer les seuils d’inconfort d’un patient par rapport au bruit. On va également marquer et comparer la fréquence des acouphènes et mesurer la compréhension vocale dans le bruit », indique le professionnel de santé. Autre examen pratiqué par l’audioprothésiste : l’otoscopie. Cet examen, parfois en vidéo, permet d’observer l’état du conduit auditif et de la membrane tympanique à l’aide d’un otoscope.
« À l’issue des examens, on fait une proposition d’aide auditive. Au niveau de la loi, nous sommes responsables du choix de l’appareil auditif. S’il n’est heureusement pas possible d’imposer un modèle, on doit présenter un choix d’appareillage compatible avec la perte d’audition, les capacités et le mode de vie du patient », affirme Brice Jantzem. Avant d’ajouter : « il est donc nécessaire de prêter attention aux tremblements pouvant être liés à l’âge ou encore à l’arthrose. Dans ces cas, les personnes âgées ne pourront pas nettoyer correctement les filtres de leur appareil. On choisit donc ensemble le modèle adéquat. »
L’audioprothésiste effectue ensuite un devis et commande l’appareil auditif si le patient est d’accord. Dans un premier temps, il est obligatoire de proposer un appareil auditif de classe 1 entièrement pris en charge par la Sécurité Sociale et par les contrats responsables des complémentaires santé. La mutuelle prend en charge jusqu’à 1.900 euros pour un appareil auditif. Si cette formule ne convient pas au patient, l’audioprothésiste peut proposer un autre appareil auditif de classe 2 et libre de remboursement par les mutuelles. La Sécurité Sociale rembourse alors 240 euros par oreille.
« Concernant la conception de l’appareil auditif, on peut être amené à effectuer un embout ou une coque. On réalise alors une empreinte en silicone des oreilles. La réalisation prend environ une à deux semaines et le patient revient ensuite pour essayer son appareil. À ce moment, on fait l’ensemble des réglages acoustiques et on le conseille sur l’entretien ainsi que sur la gestion de son appareillage. Il y a également une période d’adaptation sans engagement obligatoire de 30 jours », souligne l’audioprothésiste.
Où peut exercer un audioprothésiste ?
On peut retrouver un audioprothésiste à son compte ou salarié dans un « centre auditif ». Ce spécialiste travaille plus rarement dans les hôpitaux où il réalise des réglages pour des implants cochléaires ainsi que dans des centres pour enfants malentendants dans lesquels il intervient pour l’audiométrie et la collaboration pluridisciplinaire de suivi des enfants appareillés.
Audioprothésiste : quelle est la formation pour accéder à cette profession ?
Un étudiant peut s’inscrire sur la plateforme Parcours Sup afin d’intégrer une formation pour devenir audioprothésiste. L’inscription repose sur le dépôt d’un dossier. En France, il existe neuf centres, rattachés à des universités, proposant d’accéder aux études d’audioprothèse. Le futur audioprothésiste étudie pendant trois ans dans un de ces établissements et réalise de nombreux stages pratiques avant d’obtenir son Diplôme d’État.
Merci à Brice Jantzem, audioprothésiste et Vice-président du Syndicat des Audioprothésistes
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