La marche en ville est-elle aussi bénéfique que celle en pleine nature ?

Les bienfaits santé de la marche ne sont plus à démontrer. Mais se fait-on autant de bien en se promenant en ville qu’à travers des champs ? Les avis de spécialistes.

Les bienfaits santé de la marche pour lutter contre la sédentarité ne sont plus à démontrer. En ces temps quelque peu anxiogènes, les pauses déjeuner en télétravail et les week-ends font alors office de sas de décompression. On change d’air et on se balade… dans les rues pavées pour les citadins. Alors une question apparaît : se fait-on autant de bien en déambulant en ville qu’en pleine nature ? Loin des espaces verts, du grand air et du silence, l’opération n’est-elle pas contreproductive ?

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En vidéo, pourquoi marcher est-il bon pour la santé ?

La marche, bénéfique dans tous les cas

Contreproductive, certainement pas, répondent les spécialistes. «La marche, où qu’elle se fasse, a un effet sur les émotions. Dès les dix premières minutes, un sentiment de bien-être et d’estime de soi apparaît et ne cesse d’augmenter», souligne le psychiatre Michel Lejoyeux (1). Se balader en ville pourrait même être parfois plus bénéfique pour le corps, selon Muriel Bigot, cardiologue. La raison est simple : la vie urbaine nous pousse à adopter un rythme plus dynamique. «Pour qu’elle soit efficace et aide à réduire les risques liés à la sédentarité, elle doit être tonique, active, précise la cardiologue. Moins on fait d’effort, moins on est capable d’en faire. Or ce niveau de résistance à l’effort est largement lié au niveau d’espérance de vie.»

«Il ne faut pas oublier que la marche est l’activité physique et thérapeutique la plus naturelle qui soit», rebondit Éric Griez, médecin psychiatre auteur de Guérir par la marche (2). En clair, peu importe l’environnement, le principal serait surtout de marcher, en toutes circonstances.

Les bienfaits santé de l’activité surpasseront toujours les désavantages de la ville, insiste le médecin. «La marche a un effet préventif sur les maladies chroniques et métaboliques comme l’obésité et le diabète. Elle a également un effet anti-inflammatoire, et aide à lutter contre les maladies cardiovasculaires et rhumatismales», précise-t-il.

Bien sûr, le décor qu’offre la campagne est plus reluisant. «En plus de l’effet purement physique, la marche a un effet psychologique, commente Éric Griez. Il y a le plaisir esthétique des bois, de la nature, d’être accompagné, d’avoir réalisé un exploit quand on fait une longue randonnée…» Mais la balade en ville ne nous en prive pas totalement et les espaces urbains recèlent de nombreux lieux à admirer.

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Un air pollué… un peu partout

Quid de la pollution ? Sans grande surprise, en ville, l’air est plus pollué qu’en pleine nature, et notamment durant les mois les plus froids. «Trois aspects principaux sont à prendre en compte durant la saison : les voitures, le chauffage et l’épandage dans les régions alentours», explique Cathy Clerbaux, directrice de recherche au CNRS. La chercheure travaille sur la surveillance de la composition atmosphérique sous l’influence des activités humaines. Voilà pourquoi dans les grandes villes, les pics de pollution se situent généralement autour du mois de mars, moment où l’on additionne les trois.

Se dire que les territoires plus ruraux ne le sont pas, serait cependant un peu trop rapide. «Avec les épandages d’engrais, l’ammoniaque se transforme en particules dans l’air et est extrêmement polluante, souligne Cathy Clerbaux. De plus, durant l’été, l’ozone peut se déplacer sur de grands distances et polluer tout autant les zones rurales».

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En ville, marcher intelligemment

Devrait-on privilégier les parcs et jardins pour ses balades citadines ? «Pas aussi simple, répond Laura Verdier, ingénieure en environnement. Ces espaces verts sont trop près des sources de pollution, la différence est si infime qu’elle est inutile». Même constat pour les bois en périphérie des villes, poursuit l’ingénieure : «les masses qui transportent les particules nocives sont larges et recouvrent une vaste surface. Même les bois, comme Boulogne ou Vincennes aux abords de Paris, sont pollués».

Pour éviter au maximum les méfaits de la pollution urbaine sur l’organisme (maladies cardiovasculaires et respiratoires principalement), il faudrait respecter quelques principes simples. On peut par exemple ne pas se lancer dans une grande marche aux heures de pointe lorsque le trafic est saturé, et s’adonner à la balade dominicale, jour où les villes sont de toute évidence moins polluées.

(1) Michel Lejoyeux est notamment l’auteur de Les 4 temps de la renaissance, Édition JC Latès, 250p., 19,90 €.
(2) Guérir par la marche, Éric Griez, Éditions Eyrolles, 160p., 16,00 €.

* Initialement publié en février 2021, cet article a fait l’objet d’une mise à jour.

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